Témoignages

Sur cette page paraîtront des témoignages sur les ravages occasionnés par les pesticides.

Témoignages livrés tels quels, sans filtre.

Premier témoignage :

Pourquoi je me suis engagé dans la lutte contre l’usage des perturbateurs endocriniens et par la suite, contre les poisons agricoles.
« Qu’est-ce que tu veux y faire ! On ne peut rien contre ! C’est comme ça ! ». C’est ce genre d’affirmations péremptoires que nous entendions encore le plus souvent ces derniers mois dans des échanges à propos des pesticides. 
Plus exactement, c’était ce que nous entendions le plus souvent, parce que ces derniers temps ce serait de moins en moins. Les citoyens sont peut-être mieux informés par des journaux et des émissions ? Les enfants nés sans bras, les mensonges avérés de Monsanto, des voisins ou des parents proches qui sont atteints d’un cancer ? Les valse-hésitations de nos politiciens experts en manipulation des citoyens ? Et puis ces citoyens veulent peut-être prendre leurs affaires en main. C’est vrai qu’Il y a comme un souffle dans l’air. Peut-être « agir aujourd’hui pour ne pas subir demain » ? Il y a encore peu, sur les stands ou dans la rue quand nous distribuions des tracts, nous devions encore argumenter. « Comment on va faire nous, pour le jardin ? si c’est comme ça j’arrête de jardiner !» ou bien : « vous vous voyez toujours manger du bio, vous ? » 
Mon jardin était « sale », envahi de mauvaises herbes. IL fallait aussi « nourrir le monde ». Bien sûr, à certains on peut   toujours tenter d’expliquer que c’est le cancer qui est sale, dégoutant même, on ne peut pas aller contre le progrès, c’est connu.
Et puis, la semaine dernière, je croise une maman, agricultrice de mes amies : « Tu avais 25 ans d’avance Michel, qu’elle m’a dit ». « Ben non, Françoise, que j’ai répondu ; à cette époque j’avais 20 ans de retard. » parce que ERB qui a commencé à poser le problème va fêter ses 50 ans cette année. Moi aussi j’ai pris le train en marche, tardivement. J’aurais du savoir. Ou même réfléchir. Moi aussi j’ai utilisé du Roundup. C’était du bio !. Je me souviens, j’ai même taquiné une fois une couleuvre à collier avec un jet de pulvérisateur. Maintenant je n’en vois plus, de couleuvres à collier. Il reste quand même une vipère dans un coin du jardin et je fais bien attention de ne pas marcher dessus, pas seulement pour ce que vous croyez. A la même époque j’ai été horrifié le jour où j’ai trouvé un cadavre d’un hérisson dans mon terrain : j’ai soudainement réalisé que c’était l’anti limace. Son mari à Françoise, que j’ai croisé à vélo, il commence à s’essayer à cultiver autrement, sur de petites parcelles, « pour voir ». Je n’en crois pas mes oreilles.
Alors, c’est pas foutu ? on va en sortir ?
En attendant, il y a mon vieux tonton qui a un lymphome non hodgkinien, un lymphome reconnu être lié au glyphosate. En ce moment, ça ne va pas du tout, du tout. Bien sûr, il a bientôt l’âge de faire un mort comme disait ma belle-mère, mais quand même !
Il y a eu Ernest, une vieille connaissance, paysan et militant de toujours pour une agriculture respectueuse de la terre et respectueuse des gens. Il est mort il y a quelques mois après plusieurs opérations du foie. Non, il ne buvait pas. Ernest, à quinze mètres de lui, on était dans son aura. On était apaisé, on se surprenait à sourire et à se sentir bien, pour rien, comme ça.
Il y a aussi mon ami Gilles. Nous étions éducateurs et il a d’abord été mon stagiaire. Par la suite il a travaillé avec des enfants lourdement handicapés : Cancer de la vessie. « C’est dû aux pesticides » lui a dit le médecin à sa première visite, sans vouloir le répéter par la suite. On a proposé à Gilles une greffe à partir de son intestin, mais finalement ça ne va pas se faire. Gilles va être hospitalisé à domicile. Gilles serait venu à la pisserie de Pontivy s’il avait pu se déplacer et il a quand même tenu à verser sa participation. Gilles sait qu’il va mourir, mais Gilles reste d’une incroyable sérénité. La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était à un rassemblement des coquelicots à Ploërmel. En tirant son mouchoir, il a renversé par terre une poignée de médicaments qu’il avait dans ses poches et il a éclaté de rire. Merci Gilles, tu me grandis, tu m’élèves, quelque part tu me sauves. 
Toujours à propos de Gilles, je vous livre un échange de mails entre lui et M. Pellerin, vice-président FNSEA du Morbihan suite à un article de OF, Edition Ploërmel. Publié le 15/12/2018 : Les agriculteurs dénoncent «l’agri-bashing» 
Franck Pellerin, comme les autres paysans, se dit lassé par ce sentiment « d’agri-bashing » qui viserait à dénigrer les agriculteurs constamment. 
Gilles s’est offusqué entre autres de cette comparaison : « Le phytosanitaire est moins nocif qu’une dosette de café ou qu’une dose de sel », lance l’agriculteur morbihannais. Gilles a protesté poliment et avec retenue. Gilles est très doux par nature. Le vice-président a répondu avec gentillesse et pédagogie :
Bonjour Monsieur k. 


Tout d abord merci de votre question 


En effet il y a un raccourci que je ne voulais pas faire passer de cette façon , mais vous le savez bien le sens de l article ne se voulait pas scientifique mais plutôt d'améliorer la compréhension entre notre métier d'agriculteurs et les citoyens qui se posent des questions . 

Un élément de réponse sur le raccourci trop rapide avec le café et le sel . Je voulais simplement comparer la Dose Létale 50 entre le café , le sel et le glyphosate qui sont respectivement de 150 , 1500 et 3000 mg/kg . Je ne veux pas être alarmant mais juste factuel et moi qui consomme du café j'ai de la « marge »  car cela équivaut à 140 tasses . Pour le glyphosate qui a une dose létale moins élevée c est plus simple car l'objectif n est pas d'en boire mais de faciliter le désherbage de nos champs donc diminuer le travail du sol donc diminuer la consommation de carburant donc ... 


En ce qui concerne votre maladie j'en suis désolé et je vous souhaite un bon rétablissement. Cet article ne se voulait pas anxiogène pour les personnes atteinte  d'un cancer . Vous le savez les causes sont multifactorielles  comme l'atteste cet article du site e-cancer.fr https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Qu-est-ce-qu-un-cancer/Facteurs-de-risque

De plus notre espérance de vie ne cesse de progresser https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/mortalite-cause-deces/esperance-vie/ grâce à notre société de connaissance dans laquelle les scientifiques trouvent des solutions pour y arriver .  

J'espère que Ce complément d explications répond à votre questionnement.

Cordialement 
Je vais aussi vous parler de Pierre, encore un vieux copain ; tous des vieux, vous allez me dire. Pierre était un militant de tête et de terrain à ERB. Bougon, grognon, ronchon, Il avait mauvais caractère et un grand cœur et Je l’aimais beaucoup. Je le consultais souvent. Il m’a raconté comment un voisin cultivait depuis des années et des années maïs sur maïs à côté de chez lui. Pierre était un puits de savoirs et de souvenirs professionnels ; Il avait travaillé à la chambre d’agriculture et lisait énormément de livres et de journaux : cancer de la prostate qui a poursuivi sa route en rongeant la colonne vertébrale. Pierre était très douillet et un peu hypocondriaque, il faut le reconnaitre ; mais là, il a morflé. Il a été enterré ce samedi où nous avons organisé les premiers prélèvements d’urine en Bretagne. Il avait promis d’y être s’il trouvait un chauffeur ou un covoiturage et s’il n’était pas trop fatigué. Ce sont ses copains de ERB qui se sont déplacés. Pour lui rendre hommage.
Et puis il y a mon petit neveu. Un bébé. Il est né sans anus et a subi 3 ou 4 opérations. Il a d’abord été équipé d’une poche, puis on lui a aménagé un orifice et connecté l’intestin. Il parait que l’opération s’est bien passée. Tant mieux.
Il y a qqs semaines, je tenais un stand des PIG à une bourse aux plantes et, en parlant des perturbateurs endocriniens, je racontais le cas de mon petit neveu. « Mais moi aussi, me dit une dame, je sais qu’i l y a eu un enfant né sans anus dans le secteur ». Ah bon ? Un deuxième cas ? Une heure plus tard, je refais mon exposé devant un autre groupe de visiteurs et une autre dame me dit avoir entendu parler d’un enfant né sans anus, et sans œsophage. Non, je n’ai pas vérifié ; ce sont peut-être des « on-dit » après tout. Et cette autre femme qui a avorté d’un enfant monstrueux, va-t-elle le crier sur les toits ou s’enfermer dans sa souffrance, la honte et la culpabilité ? 
Ça fait beaucoup. Mais ce n’est pas fini. Quand en finira-t-on ? Je vous le demande. J’assistais un soir à une conférence sur les perturbateurs endocriniens (assez abstraite la conférence, soit dit en passant, des chiffres, des pistes de recherches…).  Un monsieur s’est levé pour parler de son petit-fils. Ce dernier est né avec un pénis atrophié. « Ce gosse, disait-il, quand il aura l’âge où nous-mêmes nous sommes donnés du plaisir en nous amusant tout seul, le pourra-t-il seulement ? et quand il aura l’âge de sortir avec les copines, puis de se marier ? Il ira peut-être se jeter à l’eau … » 
Alors s’il vous plait vous tous, assez de passivité de lâcheté et de collaboration. Faites qq chose. « Victimes du système » est un mythe ; nous sommes dans le système, nous sommes le système. Nous sommes le système quand nous produisons ou consommons des produits toxiques, quand nous nous alimentons avec une nourriture qui nous empoisonne et empoisonne nos enfants et détruit nos paysages et la vie autour de nous.
Cessons au minimum d’être des collabos et mieux, agissons. Agissons par ex. dans nos municipalités pour que nos enfants ne soient plus nourris dans les cantines avec des produits pollués par des perturbateurs endocriniens, de la chimie et des poisons agricoles. Refusons que soient servis des plats industriels frelatés, de la viande de bestiaux à la sauce antibiotiques, des volailles mutilées et stressées abattues après seulement qqs semaines, des pommes traitées 20 fois dans la saison…
Cessons de répéter des slogans comme des perroquets ou de nous approprier des formules (souvent géniales, il faut le reconnaitre) comme « phytosanitaires », au lieu de parler de poisons agricoles, de criminalité en bande organisées. Jean Claude Pierre nomme très justement cette pollution-là « la pollution des esprits », la pire selon lui, ce en quoi nous sommes d’accord.
Comme l’a été l’industrie de l’amiante, l’industrie agroalimentaire est devenue une industrie mafieuse et criminelle qui empoisonne les sols, l’eau que nous buvons (et payons cher pour la nettoyer), l’air que nous respirons. Cette industrie joue un rôle qui est loin d’être négligeable dans la dégradation du climat. Cette industrie s’est retournée contre ses créateurs et a engrossé des monstres que sont des syndicats soumis aux lobbies d’argent. Elle s’immisce dans tous les échelons des pouvoirs : banques, presse, administrations, politique, organismes sociaux même.
En Bretagne, en faisant analyser leur urine, 1200 candidats Pisseurs Involontaires de Glyphosate et de bien d’autres pesticides apprennent ou se voient confirmer qu’ils sont intoxiqués et potentiellement malades. Ces lanceurs d’alerte sont par conséquent victimes d’individus ou de groupes qui agissent non pas volontairement pour tuer ou blesser, on veut bien le croire, mais par cupidité ou par habitude et qui n’hésitent pas quoi qu’il en soit à mettre des vies en danger. 
Refusons d‘être des victimes collatérales mais néanmoins consentantes si ce n’est complices.
Michel Coudé, co-référent régional de la campagne nationale contre le glyphosate.