Message de “Youth for Climate Paris”.
“Suite à l’action de Blackrock le 10 février 2020, deux militants seront en procès le 4 novembre.
L’activisme n’est pas un crime !!!
Un procès contre deux activistes se prépare en France. L’Etat prend la défense de Blackrock. Blackrock – ce fonds d’investissement américain qui finance entre autres la déforestation en Amazonie – est lui loin d’en être inquiété par la justice.
Amil et Michael, deux militants écologistes sont poursuivis par la justice française pour avoir participé le 10 février 2020 à une action de Youth for Climate dans les locaux de BlackRock, à Paris. Une centaine de militant.e.s avaient occupé et redécoré les bureaux de cette multinationale connue pour être le plus important gestionnaire d’actifs au monde. Parmi les 17 interpellations survenues ce jour-là, seuls Michael et Amil auront un procès, les autres ayant écopé d’amendes ou de rappels à la loi. Michael encourt deux ans de prison ferme et 20.000 euros d’amende, tandis qu’Amil risque jusqu’à cinq ans de prison ferme et 75.000 euros d’amende. Six chefs d’inculpation ont été retenus dont le plus lourd : complicité de dégradation en réunion.
Mais qui sont les vrais coupables?
Blackrock, société qui gère le plus d’argent au monde avec 7000 milliards d’euros d’actifs, a affirmé haut et fort que la lutte contre le changement climatique était devenu une priorité. Qu’en est-il réellement?
Cette année, le groupe a voté pour seulement 13% des résolutions destinés à protéger l’environnement. La société contribue à la crise climatique via les financements qu’elle apporte aux énergies fossiles, à la déforestation et aux industries écocides. La responsabilité de Blackrock est énorme.
Blackrock détruit consciemment des vies humaines, notre planète et notre avenir.
En envahissant les locaux de Blackrock à Paris en février dernier, les militant.e.s n’ont fait que répondre légitimement aux agissements criminels de la société.
Comment une société qui se réclame d’autant de valeurs morales que la notre peut-elle criminaliser des activistes? Des citoyen.ne.s qui n’ont d’autres but que dénoncer les agissements d’une multinationale dont l’impact est incontestablement nocif pour les humain.e.s et le reste de la nature. N’est-il pas un droit et un devoir pour chaque citoyen.ne de dénoncer publiquement les injustices? Est-il légitime pour l’Etat de se ranger du côté des oppresseurs au détriment des citoyen.ne.s?
Comment expliquer que la multinationale n’a-t-elle pas elle même engagé des poursuites? Est-ce une stratégie pour se faire oublier et étouffer l’affaire si ses dirigeants ne veulent pas ébruiter tous les motifs qui lui sont reprochés? La multinationale compte t-elle sur ses contacts haut placés pour prendre soin de ses intérêts à sa place? Quoi qu’il en soit le manque de transparence omniprésent laisse les doutes planer. De toute les façons, qui prendra la peine de creuser?
Le problème est systémique. Le monde souffre, victime des intérêts financiers d’une poignée de fortunés qui prévalent sur le bien commun et la nature. L’harmonie est chaque jour plus mise à mal par le système capitaliste, néocolonialiste et patriarcal. Une grande partie de la population mondiale souffre, y compris celle vivant dans les régions dîtes développées, comme l’Europe, où une part grandissante de la société se trouve précarisée. Notre nourriture est contaminée, nos sources d’eau sont polluées, nos terres sont dévastées, et même les fonds marins n’échappent pas à la destruction que nous engendrons. Notre environnement se détériore chaque jour un peu plus et ce n’est pas une nouveauté.
Pour satisfaire les désirs d’une minorité privilégiée, tout est permis. Le recul de la nature face à la civilisation semble inéluctable.
Les lanceur.ses d’alertes sont criminalisé.e.s car la vérité menace la durabilité du système. Une prise de conscience de masse serait un frein à la croissance tant attendue par les actionnaires. Bien sûr que le monde est injuste! Bien sûr que nous détruisons le monde! Bien sûr que l’esclavage moderne existe! Cependant, est-il légal de le dire? Le discours officiel est un discours de façade, un discours qui se veut rassurant, un discours qui endort. Pourquoi tenter de résoudre des problèmes alors qu’on pourrait continuer de les dissimuler?
Être activiste aujourd’hui c’est vouloir s’éveiller dans un monde qui n’attend de nous que trois choses : « travaille, consomme et ferme ta gueule! » comme le scandait dans leurs slogans les gilets jaunes.
Prenons conscience des principaux bénéficiaires du système, ceux que l’exploitation des humain.e.s et de la nature permet d’enrichir. Ceux qui s’approprient des ressources qui diminuent et ne parviendront pas indéfiniment à soutenir la demande. Ces acteurs économiques font usage des pires stratégies pour parvenir à leurs fins.
Face à leur désir de croissance économique et de puissance, soyons lucides. Les criminels, c’est eux.
”