PestiRiv : enfin sortie le 15 septembre !

Mettre la charrue avant les boeufs, c’est bien ce qui vient de se passer avec le vote de la loi Duplomb avant la sortie de l’étude PestiRiv, censée éclairer le choix de nos « représentants » nationaux…

La loi duplomb a été votée le 8 juillet et l’étude PestiRiv a été débloquée des tiroirs d’un ministère le 15 septembre.
Il fallait bien qu’elle soit habillée politiquement, après que les résultats scientifiques aient été connus dès le mois de juin dernier…

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Communiqué de presse des associations  Alerte Médecins Pesticides (AMLP) et Alerte Pesticides Haute Gironde (APHG)

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Communiqué de presse PestiRiv

L’enquête Pestiriv paraît aujourd’hui, 12 ans après la première saisine de la Cellule de l’Institut de veille sanitaire sur une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques à Preignac en Sud-Gironde, 11 ans après l’affaire de Villeneuve de Blaye en Nord-Gironde, citées parmi les amonts de cette étude.

Grâce au signalement de l’association Alerte des Médecins sur Les Pesticides (AMLP) la saisine de la DGS pour Preignac a débouché sur l’étude Geocap-Agri. Au bout de 5 ans, celle-ci a révélé sur la base d’un travail statistique rigoureux, qu’il existe bien un sur-risque d’avoir une leucémie aigüe pour les enfants de moins de 15 ans lorsqu’ils vivent dans un environnement de vignes, et ce jusqu’à 1 km de distance.

Les mesures des AASQA sur la qualité de l’air comme celles d’ATMO-Nouvelle Aquitaine détectent déjà dans l’air de nos villes et de nos champs des concentrations de pesticides agricoles non négligeables. De nombreux prélèvements dans les cheveux des enfants ont déjà été réalisés près des vignes (dans le Médoc, à Léognan) ou près des grandes cultures en Charente-Maritime, à l’initiative de parents riverains, prélèvements qui ont confirmé une imprégnation généralisée.

Nous comprenons que le temps de la science soit long et nous souhaitons que priorité soir donnée à la rigueur scientifique. Il était donc important de mesurer cette exposition pour les riverains des parcelles, de la comparer à l’exposition domestique, en prenant en compte la distance, le moment de l’année … Les résultats de Pestiriv confirment ce que tout le monde sait : on est davantage exposé lorsqu’on habite près des vignes que lorsqu’on habite loin. La distance de 500 m mentionnée dans le rapport rend au passage dérisoires les distances d’épandage de 3, 5 ou 10 m. En outre, et c’est le fait majeur de l’étude, elle indique qu’en période d’épandage les enfants de 3 à 6 ans sont plus imprégnés que les adultes !

D’autres données scientifiques alertent sur le lien entre l’exposition aux pesticides et certaines maladies comme l’expertise collective de l’INSERM de 2021 ainsi que des préoccupations majeures sur les risques d’une contamination au moment de la vie in utéro.

Nous pensons qu’il est évident et urgent de mettre en rapport les données de GeoCap-Agri, cette expertise de l’INSERM, et les résultats de PestiRiv pour réfléchir à des mesures de prévention permettant de protéger efficacement les populations. Elles consistent a minima, à :

  • réduire de façon significative les pesticides à la source, en soutenant massivement l’agriculture bio (les plans Ecophyto successifs ont montré leur incapacité à opérer cette réduction)

  • décider de périmètres de protection suffisants autour des écoles, des lieux de vie, négociés avec les habitants et les agriculteurs, et des mesures dans l’élaboration des PLUi qui prévoient ces périmètres.

Si les pouvoirs publics veulent sincèrement se préoccuper de la santé des riverains, la communication en temps réel des produits épandus à la parcelle vers une base de données accessible aux chercheurs doit être rendue automatique. C’est un élément indispensable pour mener des études épidémiologiques sérieuses, comme l’ont encore réclamé près de 1300 chercheurs et médecins dans une lettre ouverte récemment.

De même la situation impose que l’évaluation de la toxicité à long terme des formulations complètes des pesticides (substances actives + tous les co-formulants), effets cocktails compris, soit faite comme l’impose le règlement européen 1107/2009, sur la base d’études scientifiques indépendantes. C’est ce que nos associations réclament avec la coalition Secrets Toxiques. C’est ce qu’a exigé la Cour administrative d’appel de Paris le 3/09/25 : elle demande à l’État de mettre en oeuvre une évaluation des risques présentés

par les produits « à la lumière du dernier état des connaissances scientifiques », et de procéder, « au réexamen des autorisations de mises sur le marché déjà délivrées et pour lesquelles la méthodologie d’évaluation n’aurait pas été conforme à ces exigences » !

Les riverains, pas plus que les agriculteurs, ne veulent être les cobayes des trous dans la raquette de l’évaluation des pesticides. C’est le même État français qui affirme n’autoriser la mise sur le marché que de produits « aux risques contrôlés » et qui dans le même temps indemnise les victimes des pesticides de plus en plus nombreuses (même si leur nombre est certainement très inférieur au nombre réel de cas).

Aujourd’hui les dépenses de santé, de protection de la biodiversité, d’épuration de l’eau potable liées aux pesticides coûtent des centaines de millions à la société1. Notre pays doit investir dans un vaste plan de conversion de notre agriculture vers un modèle agro-écologique qui garantisse la protection des écosystèmes et des humains et qui permette aux agriculteurs de vivre de leur travail.

Contacts APHG : Henri Plandé 06 13 11 25 00 et Sylvie Nony 06 51 55 96 07

Contacts AMLP : Pierre-Michel Périnaud 06 31 23 66 72 et Michel Campano 06 26 69 41 39

Justice pour le Vivant : victoires devant la Cour d’Appel de Paris !

Une nouvelle victoire pour les plus de 2 millions de signataires de la pétition contre la Loi Duplomb, pour le Vivant et tous les militant.es et victimes des pesticides !

Dans le dossier Justice Pour le Vivant qui oppose
l’État français et Phyteis, le lobby de l’agrochimie,
aux
associations Notre Affaire à Tous, Pollinis, Biodiversité sous nos pieds, Anper-Tos et l’Aspas,

la Cour d’appel administrative de Paris vient d’enjoindre l’État à :

➡️ actualiser les protocoles d’évaluation et d’autorisation des pesticides insuffisamment protecteurs du vivant,

➡️ revoir les autorisations de mise sur le marché (AMM) actuellement en vigueur d’ici 24 mois, et pour lesquelles la méthodologie d’évaluation n’aurait pas été conforme aux exigences notamment du principe de précaution.

➡️ établir dans les six mois prochains un calendrier de révision des AMM concernées.

Un CP plus long d’analyse à venir bientôt.

💥 Bim Bam Boum !

Hier la FNSEA revendiquait une loi Duplomb 2 pour contourner la décision du Conseil constitutionnel sur les néonicotinoïdes, dans le but que l’acétamipride soit réautorisé en France…

Aujourd’hui c’est la justice qui ébranle le train-train de l’empoisonnement alimentaire : dans le cadre de la procédure Justice pour le Vivant engagée par les associations, la Cour d’appel de Paris reconnaît la responsabilité de l’État dans l’existence d’un préjudice écologique résultant de l’usage des pesticides.

Mieux, la Cour ordonne à l’État et à l’Anses de mettre en oeuvre une procédure d’évaluation des risques qui tienne compte du dernier état des connaissances scientifiques, en particulier concernant les impacts sur les espèces non ciblées.

Encore mieux, la Cour ordonne de procéder dans un délai de deux ans au réexamen de toutes les autorisations de mise sur le marché de pesticides déjà délivrées qui ne respectent pas l’exigence de tenir compte des dernières connaissances scientifiques disponibles.

💚 C’est un jugement historique pour la santé environnementale !

https://paris.cour-administrative-appel.fr/decisions-de-justice/dernieres-decisions/la-cour-reconnait-la-responsabilite-de-l-etat-dans-l-existence-d-un-prejudice-ecologique-resultant-de-l-usage-des-produits-phytopharmaceutiques

La Cour reconnaît la responsabilité de l’Etat dans l’existence d’un préjudice écologique résultant de l’usage des produits phytopharmaceutiques

Par un arrêt du 3 septembre 2025, la cour administrative d’appel de Paris juge que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a commis une faute en ne procédant pas à l’évaluation des produits phytopharmaceutiques au vu du dernier état des connaissances scientifiques.

La marrante, elle résiste !