« Dénigrement des vins de Bordeaux » : suite et soutiens à Valérie Murat

Nouveau bras de fer entre l’interprofession et une association anti-phytos

AFPle 13/10/2021 à 14:58
Une association anti-phytos condamnée en février pour avoir « dénigré » des vins de Bordeaux a défendu mercredi devant la justice son « droit » à faire appel, auquel s’oppose l’interprofession au motif qu’elle n’a pas payé les dommages et continue ses critiques « illicites ».

« Cette nouvelle procédure est une tentative pour me faire taire à tout jamais, c’est une intimidation », a affirmé Valérie Murat, la porte-parole de l’association Alerte aux toxiques devant le palais de justice de Bordeaux où la question de son appel sera tranchée le 10 novembre.
Dénonçant « procès bâillon » et « grave atteinte à la liberté d’expression », environ 80 personnes étaient venues apporter leur soutien à la militante anti-phytos, à l’appel d’une vingtaine d’organisations (associations, collectifs, chercheurs).

En septembre 2020, l’association, qui lutte en Gironde contre les phytosanitaires en viticulture, avait dénoncé la présence de résidus de pesticides de synthèse dans 22 vins (dont 19 Bordeaux) certifiés Haute valeur environnementale (HVE), sur la base d’une étude effectuée grâce à un financement participatif.
Cette présence était toutefois faible et légale, selon le laboratoire lui-même, qui avait pris se..

Le tribunal judiciaire de Libourne, jugeant que la publication relevait d’un « dénigrement fautif », avait condamné en février dernier Valérie Murat et son association, à verser 100 000 euros de dommages et intérêts au bénéfice du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) et 25 000 euros à cinq des 25 autres plaignants – châteaux, viticulteurs, appellations, négociants.

Le CIVB avait stigmatisé « une escroquerie intellectuelle » alors que la militante dénonçait un « label (HVE) trompeur pour le consommateur ». Les magistrats avaient ordonné le retrait sous astreinte de la publication contestée et assorti leur jugement d’une exécution provisoire.

Mme Murat a fait appel mais ce recours au civil n’était pas suspensif et l’association devait donc payer.

L’interprofession et d’autres plaignants ont par la suite demandé la radiation de ce recours.

En cause : des versements insuffisants et la persistance de « propos dénigrants » sur les site et réseaux sociaux de la militante, selon un courrier du CIVB d’avril qui mettait en demeure l’association d’« exécuter » le jugement.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Film en ligne sur TV Citoyenne :

Les guerriers des pesticides, de Stephanie Muzard

Synopsis :
13 octobre 2021, les soutiens de Valérie Murat se donnent rendez-vous devant la Cour d’Appel de Bordeaux…

Avec Valérie Murat, Marie-Lys Bibérian, Benoît Biteau, Joël Labbé, Loïc Prud’homme, les victimes des pesticides, les associations Collectif info Médoc, Alerte aux toxiques, la Confédération Paysanne, Collectif Bassine Non Merci, Les Faucheurs Volontaires d’OGM, des cavistes, des paysans, des ouvriers viticoles, des artistes….

Réalisation, tournage, montage, chant et écriture parodie : Stéphanie Muzard
Durée du film : 37 minutes 41.

Images d’articles, BD et film cités : droits réservés.

Film protégé par le droit d’auteur © latelierdesmuses.com

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

80 personnes pour l’AFP mais 150 comptés sur place

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Association incriminée : Association Alerte aux Toxiques

Retour sur le rassemblement et l’audience du 13 octobre devant la cour d’appel de Bordeaux.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

logo du CSVPOfVLogo PIG BZH

Soutien des collectifs et associations breton.ne.s à Valérie Murat, porte parole de l’association « Alerte aux toxiques »

–> Collectif de Soutien aux Victimes des Pesticides de l’Ouest

–> Faucheuses et Faucheurs Volontaires

–> Pisseurs et Pisseuses Involontaires de Glyphosate BZH

Il nous paraît absolument nécessaire de dire la vérité sur le label HVE qui est du même tonneau que l’agriculture « raisonnée » du programme FARRE il y a quelques années !!!

Un déplacement de soutien à Valérie Murat a été organisé vers Bordeaux par le Collectif de Soutien aux Victimes des Pesticides de l’Ouest, le 13 octobre

Intervention de la Confédération Paysanne de Gironde

https://gironde.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=11873&PHPSESSID=lb6p2cf04v00nrde3smf2d7tm3

Sommes nous encore en démocratie?

La Confédération Paysanne de Gironde a été de tous les combats contre les pesticides et pour la défense des victimes de ceux-ci, qu’ils soient agriculteurs ou non.
C’est pourquoi nous avons soutenu depuis le début Alerte aux Toxiques et sa porte-parole dans cette procédure bâillon intentée par l’interprofession viticole de Bordeaux, le CIVB.
Nous nous retrouvons donc devant un Tribunal où nous avions plutôt l’habitude de voir des membres du CIVB à la place des prévenus.
La Confédération paysanne vient en effet se porter régulièrement partie civile dans des affaires de fraudes sur les vins impliquant des responsables professionnels, notamment membres du CIVB.
Ainsi, les 20 et 21 septembre derniers, nous étions, ici même, au procès pour prise illégale d’intérêt de deux éminents responsables viticoles bordelais, membres importants du CIVB au moment des faits.
Cette attaque contre Valérie Murat pour dénigrement des vins de Bordeaux vient donc, pour partie, de fins experts en dénigrement des vins de Bordeaux.
Au passage, nous sommes étonnés de la rapidité de la procédure contre Valérie Murat, alors qu’une affaire de fraudes mouillant le gratin du négoce bordelais est à l’instruction depuis des années, sans aucune suites.
Chers Messieurs du CIVB, pourquoi poursuivre des gens qui ont combattu l’utilisation de produits cancérigènes et toxiques ?
Est-ce ainsi que vous pensez rehausser la réputation de Bordeaux ?
La récente conversion bio du président du CIVB ne leur donne-t-elle pas raison a posteriori ?
Alors le mieux que vous pourriez faire c’est de stopper cette procédure qui vous ridiculise et de consacrer les cotisations volontaires obligatoires à d’autres buts plus utiles.
Responsables pour une grande partie de la débandade économique des appellations de Bordeaux, vous devriez arrêter d’imputer à d’autres par des actions judiciaires les effets de vos orientations désastreuses.
Vous pourriez arrêter ces ventes de vins de Bordeaux à 1,69 euros la bouteille et permettre à la viticulture honnête de vivre dignement.
La question posée aujourd’hui devant le Tribunal de Bordeaux est de savoir si, faute de pouvoir aligner instantanément 125 000 euros, Alerte aux Toxiques perd le droit de se défendre devant la justice, dans la patrie des droits de l’homme.

Si la Cour d’appel validait une telle interprétation de la procédure, alors le risque existe que cela fasse jurisprudence.
Dans un tas d’autres affaires où de riches hommes d’affaires pourraient se sentir « dénigrés » (injustement bien sûr), les avocats les plus coûteux de France seraient mobilisés pour défendre leur noble cause et leur honneur bafoué.
On irait vers une justice à l’américaine avec son lot de cautions aux montants astronomiques. Et l’omerta pourrait enfin régner tranquillement avec l’onction de la justice.
Cette tentative de faire taire les voix non conformes vient après la création, par la Gendarmerie Nationale, de la cellule Demeter, qui sous couvert de lutter contre l’agribashing, veut interdire toute remis en cause d’un modèle agricole toxique. Cette cellule ne s’est pas activée suite aux intimidations visant Morgan Large, journaliste bretonne investiguant sur la filière agro-alimentaire de sa région.
A la Confédération paysanne, cela nous remet aussi en mémoire notre camarade de Saône et Loire, Jérôme Laronze abattu par les gendarmes le 20 mai 2017 à la suite d’un contrôle administratif illégal sur sa ferme.

Certains et certaines intellectuelles se posent la question : « Sommes nous encore en démocratie ? ».
Il est en tout cas sûr et certain qu’il y a une véritable pulsion autoritaire du système et que nous devrons nous y opposer, ici et ailleurs.

 »

Revue de presse

https://www.lacledesondes.fr/article/proces-baillon-contre-valerie-murat-a-bordeaux-le-front-de-la-resistance

https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/vins-de-bordeaux-la-radiation-de-l-appel-de-valerie-murat-tranchee-le-10-novembre-6555048.php

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/denigrement-des-vins-de-bordeaux-valerie-murat-saura-dans-un-mois-si-elle-peut-faire-appel-1634121715

https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/cote-chateaux/2021/10/13/manifestation-de-soutien-a-valerie-murat-devant-le-palais-de-justice-de-bordeaux.html

 

Mise en place d’un site contre les « procédures bâillons » en Europe

https://www.the-case.eu/about

Brève AFP :

Des ONG lancent un site contre les procédures-bâillons en Europe

26 mars 2021 Par

Une coalition d’ONG a lancé vendredi le site contre la multiplication des procédures judiciaires dites « bâillons » en permettant notamment aux lanceurs d’alertes et journalistes, visés par ces poursuites, de leur fournir des moyens de défense et d’information.

Une coalition d’ONG a lancé vendredi le site contre la multiplication des procédures judiciaires dites « bâillons » en permettant notamment aux lanceurs d’alertes et journalistes, visés par ces poursuites, de leur fournir des moyens de défense et d’information.

Environ 30 associations, parmi lesquelles RSF, Greenpeace, Transparency international, la Fédération européenne des journalistes, sont à l’origine de cette plateforme qui se fixe pour mission de « dénoncer et combattre l’utilisation des poursuites judiciaires pour intimider et réduire au silence » les voix critiques.

Pour combattre ce type de pratiques, Case – comme Coalition Against Slapps in Europe (Coalition contre les procédures-bâillons en Europe) – compte déployer une stratégie en trois volets.

Au programme:
–> médiatisation des procédures abusives et de leurs initiateurs,
–> aide juridique aux personnes visées
–> lobbying auprès des décideurs politiques.
Sur ce dernier point, Case rappelle porter un projet de directive européenne visant à protéger juridiquement les lanceurs d’alertes.

Sur le plan médiatique, la coalition prévoit l’organisation le 18 mai de la version européenne des prix « Slapp awards », pour désigner les entreprises et personnalités politiques les plus procédurières.

Côté boîte à outils, le site fournit une cartographie européenne des services juridiques et avocats pro bono pouvant défendre les victimes de procédures-bâillons.

Andrew Caruana Galizia, fils de la journaliste d’investigation maltaise Daphne Caruana Galizia assassinée en octobre 2017, a relaté vendredi, lors de la conférence de lancement du site Case, le harcèlement juridique subi par sa mère.

Au moment de son assassinat, la journaliste, qui traquait les affaires de corruption, était visée par 47 procédures de diffamation dont 95% avaient été lancées un an auparavant, a-t-il détaillé.

Ce qui « signifie qu’elle a passé beaucoup de temps au tribunal chaque semaine, ses comptes bancaires ont été gelés, cela a eu un impact majeur sur son travail », s’est souvenu le jeune homme.

La journaliste risquait potentiellement de verser plusieurs millions d’euros de dommages et intérêts, a-t-il poursuivi.

« Donc, si elle n’avait pas été assassinée, la triste réalité est qu’elle aurait été totalement écrasée financièrement », a conclu M. Caruana Galizia précisant qu’il devait, avec sa famille, encore faire face à 24 procédures en cours.

https://www.the-case.eu/about

Et aussi campagne « Secrets Toxiques »

Toujours dans l’actualité : https://www.secretstoxiques.fr/