La régularisation est proche pour la porcherie de Landunvez
Publié par Yann Le Gall le 04 novembre 2022 à 12h18 Réunis devant la préfecture du Finistère, ce vendredi, des membres des collectifs Stoppons l’extension d’Avel Vor, et Extinction rébellion n’ont pas réussi à convaincre ceux du Coderst. Ces derniers ont donné un avis favorable à la régularisation d’extension d’un élevage porcin à Landunvez. (Photo Le Télégramme/Yann Le Gall)
Un nouvel avis positif a été émis, ce vendredi matin, 4 novembre, à la préfecture. La régularisation de l’extension d’une porcherie de Landunvez n’attend plus que le paraphe du préfet. Les opposants restent mobilisés.
Réunis ce vendredi 4 novembre 2022, les membres du Coderst (Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques) ont examiné la demande de régularisation de l’extension de l’élevage porcin Avel Vor, à Landunvez. Les représentants des directions territoriales, de la chambre d’agriculture, de l’Agence régionale de santé, du Sdis 29 ou, encore, des élus départementaux et communautaires du pays d’Iroise ont apporté quinze voix favorables. Seules les trois associations représentantes des usagers (CLCV, Eau et rivières de Bretagne, pêcheurs de l’AAPPMA) ont voté contre.
27 000 porcs charcutiers par an
À la suite de ce nouvel avis positif (en écho à celui déjà émis par le commissaire enquêteur), le préfet du Finistère, Philippe Mahé, devrait prochainement signer un arrêté autorisant le dirigeant de la SARL Avel Vor, Philippe Bizien, à poursuivre l’élevage porcin de 11 730 animaux équivalents et à produire jusqu’à 27 000 porcs charcutiers par an.
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Une capacité calibrée par des travaux d’agrandissement et de modernisation de ses installations (y compris de traitement du lisier) de Kerizinic et de Kerincuff, exécutés en 2017, à la suite d’un premier arrêté préfectoral, favorable à cette extension, acté en 2016.
« Mascarade »
Le tribunal administratif de Rennes avait annulé cet arrêté en 2019, au motif d’une étude d’impact insuffisante. Annulation confirmée par la cour administrative d’appel de Nantes. Mis en demeure par le préfet, l’exploitant a donc enclenché une procédure de demande de régularisation de son extension.
« Ce Coderst est une mascarade. Si le préfet signe un nouvel avis favorable, il piétine la justice administrative », a répété la Renanaise Armelle Jaouen, aux côtés d’une poignée de représentants du collectif citoyen « Stoppons l’extension d’Avel Vor », réunis devant les portes de la préfecture de Quimper, entre lesquelles s’engouffraient les membres du Coderst.
« Nous en avons besoin »
Certains ont pris le temps de répondre à l’invitation à la discussion des opposants. « Son élevage est aux normes. Nous en avons besoin pour nourrir la planète », a objecté la conseillère départementale Marie-Christine Lainez, élue et agricultrice dans la commune mitoyenne de Plourin.
Des échanges cordiaux entre membres du collectif Stoppons l’extension d’Avel Vor et du Coderst se sont improvisés devant la préfecture. Sans qu’ils ne changent les avis. (Le Télégramme/Yann Le Gall)
Plainte contre X
Pas convaincus, les membres du collectif ont déjà averti qu’ils déposeraient un recours administratif contre l’arrêté de régularisation du préfet. Ils ont aussi l’intention de porter une plainte collective contre X, au pénal, « pour mise en danger de la vie d’autrui. En cas de pollution de l’environnement par cette installation, ceux qui l’ont autorisée seraient mis face à leur responsabilité ».
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Cette procédure de régularisation amène également quelques réflexions de la part du député finistérien Jean-Charles Larsonneur (Brest) : « Elle autoriserait un élevage de 12 000 porcs sans tenir compte de la densité de cette activité dans le secteur. 4 000 porcs par km² de surface agricole utile, cela a inévitablement un impact sur l’écosystème fragile du pays d’Iroise ».
Le député Larsonneur : « La composition du Coderst m’interpelle »
Le membre de la majorité gouvernementale préférerait que la loi fasse passer l’étude d’impact de toute nouvelle installation à l’échelle d’un territoire. De même, il souhaite l’évolution de la gouvernance sur ces dossiers sensibles : « La composition du Coderst m’interpelle. Quand on est élu, proche d’un exploitant à la tête d’un groupement porcin, membre d’un comité de l’eau… On est juge et partie. Il faut retravailler cette composition, si nous voulons que le grand public n’ait pas de doute vis-à-vis de cette instance ».
Enfin, s’il se félicite de l’imposition de normes qui ont permis de réels progrès dans les exploitations et « garde confiance dans l’État », Jean-Charles Larsonneur souhaiterait que leurs contrôles, surtout basés sur le déclaratif, « soient musclés ».
Méga porcherie des 12 000 cochons. Vers une régularisation par la préfecture du Finistère ?
Publié le 29/10/2022 à 12h28 • Mis à jour le 29/10/2022 à 14h46
Écrit par Catherine Deunf (avec AFP)
La méga-porcherie de Landunvez dans le Finistère • © Greenpeace
La ferme aux 12 000 cochons de Landunvez dans le Finistère sera-t-elle régularisée par le préfet ? Retoquée deux fois en justice, l’extension d’une “mégaporcherie” dans le Finistère suscite une forte opposition des riverains qui dénoncent odeurs de lisier, pollution de l’air et des plages.
“Pour une agriculture à taille humaine”, proclame une grande pancarte, posée au bout de la route touristique de Landunvez, petite commune du Nord Finistère connue pour sa magnifique côte sauvage.
Agglutinés autour des deux tables de camping, les promeneurs se penchent pour signer une plainte collective tandis qu’un verre de “soupe paysanne” leur est servi par un militant.
A cause des odeurs, on doit rentrer nos draps qui sèchent. Sinon, on dort dans le caca !
Christine Douillard
Riveraine
“Cet été, on n’a pas pu se baigner avec mes petits enfants car la plage était fermée. C’est quand même désagréable”, se désole Christine Douillard, retraitée de 70 ans, qui habite un lotissement au milieu des champs de maïs, où le lisier des porcs est épandu.
La plage de Penfoul, en aval de l’exploitation, a été interdite ponctuellement cet été • © Florence Malésieux-France Télévisions
“A cause des odeurs, on doit rentrer nos draps qui sèchent. Sinon, on dort dans le caca !”, lâche-t-elle.
“On n’est pas contre le cochon, précise son mari Roland Douillard, 71 ans, barbe blanche et bonnet noir. Mais le problème, c’est l’excès de cochons !”
Dans leur viseur : la “mégaporcherie” Avel Vor (“vent de la mer” en breton), dont les grands silos bleus sont visibles du bourg de Landunvez, à moins de 300 mètres de là.
L’affaire divise la commune bretonne depuis qu’en 2015, le gérant Philippe Bizien a demandé à agrandir son exploitation pour passer à 12 000 porcs (une exploitation moyenne en compte 1 400 environ).
Une enquête publique est donc lancée mais le commissaire-enquêteur émet un avis défavorable à cette extension en évoquant les “nombreuses nuisances” ressenties par les riverains.
Une première autorisation attaquée
Faisant fi de cet avis, le préfet du Finistère autorise cependant l’éleveur à agrandir ses installations en avril 2016, ce que ce dernier fait dans la foulée.
C’est alors que l’affaire est portée en justice par plusieurs associations, dont Eau et Rivières de Bretagne, qui attaquent l’arrêté pour s’opposer à cette “mégaporcherie”.
Plages fermées, eau dégradée, pollution de l’air : les émanations du lisier de porc risquent, selon ces opposants, de s’ajouter à celles des élevages voisins, dégradant encore un peu plus l’environnement de la commune d’à peine 1 500 habitants.
3 000 porcs au km²
Car dans ce pays du Léon, le cochon est roi : la production dépasse par endroit 3 000 porcs au km² dans une région, la Bretagne, qui se place en sixième position européenne pour la taille de son cheptel porcin.
Avec 7,3 millions de cochons en 2021, la péninsule bretonne compte plus de la moitié du cheptel français sur seulement 5% du territoire de l’Hexagone. On compte ainsi plus de deux cochons par Breton.
“A Landunvez, on est plutôt à 10 cochons par habitant”, rectifie Laurent Le Berre, président de l’Association pour la protection de la côte des légendes (APPCL).
Les opposants obtiennent gain de cause trop tard
En mai 2019 et novembre 2021, les opposants obtiennent gain de cause devant la justice administrative. Mais la porcherie est déjà agrandie et produit 27 000 porcs charcutiers par an, en vertu d’une autorisation préfectorale provisoire.
La méga-porcherie de Landunvez dans le Finistère • © Greenpeace
Pour régulariser la situation, une nouvelle enquête publique, menée au printemps 2022, a cette fois conclu à un avis favorable, malgré les mises en garde de l’Autorité environnementale sur les “émissions d’ammoniac globalement très élevées” des différents élevages du territoire qui contribuent à “la dégradation de la qualité de l’air par la formation de particules fines”.
Débat idéologique selon la FDSEA
Le Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) doit désormais se pencher sur le dossier avant que la décision finale ne revienne au préfet.
“Le dossier d’extension coche toutes les cases des réglementations en vigueur”, estime Jean-Alain Divanac’h, éleveur de porcs et président de la FDSEA du Finistère, en dénonçant un “débat idéologique. “Les opposants ne peuvent pas démontrer que les pollutions viennent de l’élevage Avel Vor”, pointe-t-il.
Laurent Le Berre, lui, promet de nouveaux recours en cas de régularisation de l’exploitation. “Ça peut encore durer 10 ans !”, lance-t-il.
Contactés par l’AFP, la préfecture et M. Bizien n’ont pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/finistere/brest/mega-porcherie-des-12-000-cochons-vers-une-regularisation-par-la-prefecture-du-finistere-2645072.html
Finistère. Porcherie de Landunvez : le collectif Stoppons l’extension rassemblé à Quimper
Vendredi 4 novembre 2022, des membres du collectif Stoppons l’extension étaient rassemblés devant la préfecture, à Quimper (Finistère). Ils se mobilisent contre la régularisation de l’extension de la porcherie Avel Vor, à Landunvez, près de Brest.
Des membres du collectif Stoppons l’extension étaient rassemblés à Quimper (Finistère) vendredi 4 novembre 2022, devant la préfecture. | OUEST-FRANCE
Ouest-France Publié le 04/11/2022 à 12h55
Les cercueils de la « santé » et de « l’eau » encadrent la porte d’entrée de la préfecture, à Quimper (Finistère), vendredi matin 4 novembre 2022. Ils ont été apportés par une dizaine de membres du collectif Stoppons l’extension, venu tout droit de Landunvez et Porspoder, près de Brest.
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« On est là parce qu’aujourd’hui se tient la commission d’évaluation des risques environnementaux et sanitaires, résume Armelle Jaouen, membre du collectif. Le préfet a proposé un arrêté de régularisation d’une extension porcine à Landunvez et Porspoder qui devrait être validé aujourd’hui. »
Le collectif se compose de citoyens et de trois associations : AEPI (Avenir et environnement en Pays d’Iroise), Eaux et rivières de Bretagne et l’APPCL (l’Association pour la protection de la Côte des Légendes).
Plainte contre X
La « mégaporcherie » Avel Vor est située dans la commune de Landunvez (Finistère). | OUEST-FRANCE
Pour rappel, en 2016, cette porcherie Avel Vor serait passée de 9 000 à 12 000 porcs. L’extension est combattue par des associations environnementales depuis sept ans. Alors que deux décisions de justice se sont montrées défavorables, une deuxième enquête publique, réalisée en mai 2022, a donné un avis favorable à la régularisation. La décision finale revient au préfet.
Si validation il y a, le collectif devrait déposer un recours devant le tribunal administratif. Dans le courant du mois de novembre, il déposera également plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui ».
Stoppons l’extension poursuit en parallèle une campagne d’information. Le prochain rendez-vous est donné dimanche 6 novembre, à Lanildut sur la plage du crapaud, à 15 h.
https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/finistere-porcherie-de-landunvez-le-collectif-stoppons-l-extension-rassemble-a-quimper-3506aedc-5c2a-11ed-8a84-7b3ff80ec797
Minihy-Tréguier. L’agrandissement de l’élevage porcin retoqué par la justice
La cour d’appel de Nantes (Loire-Atlantique) a annulé l’arrêté préfectoral d’extension d’une porcherie industrielle, à Minihy-Tréguier (Côtes-d’Armor), mardi 18 octobre 2022. Une décision que salue l’association Eau et Rivières de Bretagne.
L’arrêté préfectoral permettant à l’élevage de doubler sa capacité d’accueil a été annulé par le tribunal administratif de Nantes. | ARCHIVES OUEST-FRANCE / MARC OLLIVIER
Ouest-France Victor GUILLAUD-LUCET. Publié le 19/10/2022 à 15h05
Le feuilleton judiciaire de l’extension de l’élevage porcin de Minihy-Tréguier (Côtes-d’Armor) se poursuit. Mardi 18 octobre 2022, le tribunal administratif de Nantes (Loire-Atlantique) a rendu en appel une décision annulant l’arrêté préfectoral qui avait été accordé à la SCEA de Kerfos, en novembre 2017. Cet arrêté permettait à l’éleveur de doubler son nombre de bêtes, passant de 3 700 à près de 7 100 cochons.
Des plafonds d’azote dépassés
Le 30 septembre 2022, le rapporteur public préconisait aux juges l’annulation de cet arrêté. Le magistrat indépendant avait étayé sa position en démontrant que le plan d’épandage de l’élevage n’était pas suffisamment vaste pour accueillir les effluents issus d…
https://www.ouest-france.fr/bretagne/minihy-treguier-22220/minihy-treguier-l-agrandissement-de-l-elevage-porcin-retoque-par-la-justice-74c8f2a8-4f8e-11ed-9919-8fbf073b2344
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Et pour mémoire :
https://pig.log.bzh/2022/08/29/27-aout-marche-citoyenne-contre-lextension-de-la-porcherie-avel-vor-a-landunvez/
https://pig.log.bzh/2022/08/22/landunvez-ar-gouelini-masklet-les-goelands-masques-a-lorigine-des-pollutions/