Inès Léraud et Kristen Falc’honpublient ce mardi leur première enquête pour Splann !.
À Landunvez (29), Avel vor produit près de 27.000 porcs par an, représentant 22.000 tonnes de lisier et 38 tonnes d’ammoniac.
Malgré des jugements contraires et une enquête publique contestable, l’exploitation d’un des patrons du lobby porcin prend le chemin d’une régularisation par le préfet.
L’agro-industrie va droit dans le mur, nous devons la mettre à terre!
Camarades, ami.es,
Perquisitions, contrôle judiciaire des militants
A la suite de l’action de blocage d’un train alimentant l’élevage industriel, menée par le collectif Bretagne contre les fermes-usines le 19 mars 2022, les domiciles de militants ont été perquisitionnés et quatre personnes ont été placées sous contrôle judiciaire.
Nous vous remercions pour le soutien que vous nous avez d’ores et déjà exprimé.
Enquête en cours
Le processus d’enquête est en cours.
De notre côté, avec nos avocats, nous organisons une défense collective.
Les modes d’action traditionnels étant restés insuffisants, il importe d’agir selon l’état de nécessité et de s’interposer par des actions concrètes. Nous allons faire de ce procès celui de l’agro-industrie.
Nous nous engageons dans un processus qui va être long et tumultueux mais qui mettra à terre ce démentiel système agro-industriel hors-sol ! Nous n’avons plus le temps d’attendre.
Procès de l’agro-industrie : 2ème acte
Alors, rejoignez-nous pour le second acte,
Mercredi 3 août 2022
11h30
Tribunal judiciaire de Lorient
Notre avocat Maître Bouquet Elkaïm va remettre au juge d’instruction une liste de personnes ayant participé, le 19 mars, au bon déroulement de l’action de dénonciation de l’agro-industrie. À cette occasion, nous donnerons devant le tribunal une conférence de presse expliquant nos motivations.
Cette prise de parole sera suivie d’un pique-nique urbain et militant.
Montrons-leur que la lutte contre l’agro-industrie est déterminée et que leur récente démonstration de force ne nous fait pas peur.
L’agro-industrie doit être reconnue coupable!
Merci de relayer l’information au sein de votre réseau, merci pour votre soutien.
À très vite,
Les militant.es du collectif Bretagne Contre les Fermes Usines
Vendredi 8 juillet, plage des Rosaires, 1ère séquence menée par Extinction Rébellion et Halte Aux Marées Vertes sur un mode ludique : magnifique panneau passe-tête, quiz et glaces aux algues vertes…
Distribution du flyer ci-joint (A4 plié – n’hésitez pas à le faire circuler).
Merci à Alain Goutal pour ses dessins et merci à la graphiste.
Cette sensibilisation à la problématique des marées vertes a été globalement très bien accueillie par les plagistes, quel que soit leur niveau de connaissances sur le sujet. La population était surtout locale (touristes pas encore arrivés).
Bons échos dans les médias également, qui ont insisté sur les modalités ludiques plutôt que sur les motifs de fond (sujet qui fâche).
Articles du Ouest France et du Télégramme de samedi, en pièces jointes.
FR3 BretagneJT 12/13 : voir le 1er sujet développé
La TV allemande ARD prépare un post sur Instagram à ce sujet.
Le journal Le Parisien viendra peut-être sur place la prochaine fois.
Poursuivre avec votre aide
Il nous faut désormais étoffer nos rangs pour les 6 prochaines opérations prévues sur 6 plages différentes, jusqu’au 19 août !
Nous comptons sur les volontaires pour se faire connaîtrepar un petit mel : nous vous communiquerons alors les dates et les lieux pour que vous puissiez choisir la/les date(s) de votre participation : halteauxmareesvertes@laposte.net
Prévoyez la crème solaire (et même le maillot de bain si ça vous dit). Merci !
2) ALGUES VERTES ENCORE DANS LA PRESSE
Dans le n° spécial de Courrier international du 7 juillet , « La Bretagne vue par la presse étrangère », article «L’invasion des algues vertes, un désastre si prévisible ». C’est la la traduction d’un article paru en anglais en février dans le Financial Times, suite à l’entretien de HAMV avec un journaliste anglais à Hillion.
Les capteurs de H2S sur ARTEle 9 juillet (2mn30) :
Vendredi 8 juillet, plage des Rosaires, 1ère séquence menée par Extinction Rébellion et Halte Aux Marées Vertes sur un mode ludique : magnifique panneau passe-tête, quiz et glaces aux algues vertes…
Distribution du flyer ci-joint (A4 plié – n’hésitez pas à le faire circuler).
Merci à Alain Goutal pour ses dessins et merci à la graphiste.
Cette sensibilisation à la problématique des marées vertes a été globalement très bien accueillie par les plagistes, quel que soit leur niveau de connaissances sur le sujet. La population était surtout locale (touristes pas encore arrivés).
Bons échos dans les médias également, qui ont insisté sur les modalités ludiques plutôt que sur les motifs de fond (sujet qui fâche).
Articles du Ouest Franceet duTélégramme de samedi, en pièces jointes.
FR3 BretagneJT 12/13 : voir le 1er sujet développé
La TV allemande ARDprépare un post sur Instagram à ce sujet.
Le journal Le Parisien viendra peut-être sur place la prochaine fois.
Poursuivre avec votre aide
Il nous faut désormais étoffer nos rangs pour les 6 prochaines opérations prévues sur 6 plages différentes, jusqu’au 19 août !
Nous comptons sur les volontaires pour se faire connaîtrepar un petit mel : nous vous communiquerons alors les dates et les lieux pour que vous puissiez choisir la/les date(s) de votre participation : halteauxmareesvertes@laposte.net
Prévoyez la crème solaire (et même le maillot de bain si ça vous dit). Merci !
Souvenez vous, de la campagne glyphosate que nous avons menée, en Bretagne et au niveau national : cf notre page d’accueil
Détection du glyphosate dans les urines
Nous avons procédé à la détection du glyphosate dans nos urines, selon un protocole identique sur tout le territoire français : prélèvement le matin à jeun, sous contrôle d’huissier et analyse dans le même laboratoire, selon le Test ELISA.
Puis nous avons porté plainte
Contre
Toute personne impliquée dans la distribution et la large diffusion dans
l’environnement de molécules probablement cancérigène de glyphosate.
Pour
– Mise en danger de la vie d’autrui,
– Tromperie aggravée,
– Atteintes à l’environnement (Destruction de la biodiversité, pollution des cours d’eau, des nappes phréatiques, des sols …).
Le cas échéant, en réunion. (…/…)
Nos contradicteurs, certains acteurs du monde agricole membres du syndicat agricole dominant, utilisateurs, vendeurs, distributeurs, producteurs de pesticides, et même d’autres laboratoires ont porté leurs attaques.
En utilisant toujours la même méthode : la stratégie du doute
Discréditer, semer le doute chez les pisseurs et pisseuses involontaires de glyphosate et plus largement dans le « grand public » :
Le test qu’ils emploient, un test de chromatographie en phase gazeuse, appliqué sur des échantillons prélevés sur des sujets pas à jeun, sans aucune traçabilité, sans aucun contrôle, et qui ne détecte aucune contamination chez les sujets testés, serait, lui, bien plus pertinent que le test ELISA que nous employons ???????
https://www.fdsea56.fr/glyphotest/
Extrait du site https://www.fdsea56.fr
« Face aux attaques incessantes sur l’utilisation du Glyphosate, et en réaction aux nombreuses actions des pisseurs « involontaires » (#Glyphotest), les responsables de la FDSEA du Morbihan ont souhaité s’engager et devenir des « pisseurs VOLONTAIRES ».
Ils ont ainsi fait le choix de réaliser un test de recherche de glyphosate dans leurs urines.
Sur proposition du CHU de Vannes, c’est le test par chromatographie qui a été proposé comme étant le plus fiable / test Elisa… Les analyses ont ainsi été réalisées par un laboratoire agréé pour effectuer ce type de méthode de recherche. Le profil des personnes ayant participé à la démarche est variable : retraités agricoles, éleveurs, cultivateurs utilisant plus ou moins le glyphosate et étant de fait exposés de façon variable à la matière active (voir tableau ci-dessous).
Tous les résultats sont négatifs. Le seuil de détection n’a été dépassé sur aucun échantillon »
(Nous pensons, nous, à PIG BZH, que les agriculteurs sont les premières victimes des pesticides qu’ils utilisent…)
Pour Cédric Henry, ces résultats montrent que « la situation catastrophique tant décriée par les pisseurs n’est pas conforme à la réalité ». Il dénonce « une manipulation de masse » et estime que ces plaintes des pisseurs involontaires sont « sans fondement scientifique ».Le leader syndical demande à l’État et à l’Anses (1) « d’indiquer quelle est la méthode de référence pour la recherche de glyphosate dans les urines : chromatographie ou Elisa ? ».
En attendant, la FDSEA d’Ille et Vilaine annonce vouloir déposer plainte contre le collectif des pisseurs involontaires « pour diffamation et dénigrement ».
L’article qui vient d’être publié le 2 juillet 2022, en accès libre dans une revue à comité de lecture (https://rdcu.be/cQR2W ) prouve que, sur l’urine, la méthode ELISA est meilleure que la méthode par chromatographie.
Analyse comparative des techniques de détection du glyphosate dans l’urine et dans l’eau
Christian Vélot 1,2 * , Frédéric Poitou 3 et Joël Spiroux de Vendômois 2
1 Laboratory VEAC, University Paris-Saclay, Faculty of Sciences, Bât. 350, Avenue Jean Perrin, 91405 Orsay, France.
2 Committee for Independent Research and Information on Genetic Engineering (CRIIGEN), 42 rue de Lisbonne,
75008 Paris, France.
3 Legal Expertise Laboratory Signatures, BP 800-23, 13791 Aix-en-Provence CEDEX 3, France.
Résumé
Contexte :
Le glyphosate est le composant actif déclaré des herbicides les plus largement utilisés dans le monde, et est donc largement présent dans l’environnement.
Les taux urinaires de glyphosate représentent un biomarqueur pertinent pour chaque exposition individuelle aux herbicides à base de glyphosate. Cependant, la mesure du taux de glyphosate dans les urines est controversée car différentes méthodes de détection ont conduit à des résultats contradictoires, notamment dans le cas du dosage immuno-enzymatique (ELISA) versus chromatographie liquide couplée à la
spectrométrie de masse en tandem (LC/MS–MS) pour l’urine, et ELISA versus chromatographie liquide haute performance couplée à la détection de fluorescence (HPLC/Fluo) pour l’eau.
Méthodes :
Nous avons comparé la méthode ELISA à la méthode LC/MS–MS ou HPLC/Fluo en soumettant à deux laboratoires (Biocheck, Allemagne et Labocéa, France, respectivement) des échantillons d’urine et d’eau identiques, dopés ou non avec des concentrations de glyphosate, mais
aussi avec deux molécules chimiquement proches : la glycine et l’acide aminométhylphosphonique, respectivement l’analogue et le métabolite principal du glyphosate.
Résultats :
Les deux laboratoires ont revendiqué un seuil de quantification du glyphosate (LOQ) similaire : 0,08 et 0,05 ng/mL, respectivement.
Chacune des méthodes testées s’est avérée spécifique au glyphosate et n’a donc entraîné aucune détection croisée avec la glycine et l’acide aminométhylphosphonique.
Cependant, ces méthodes ont montré des différences à la fois dans la
reproductibilité et la fiabilité selon la matrice utilisée (eau ou urine).
Conclusion :
Bien que la méthode ELISA ait donné des résultats moins précis que la technique HPLC/Fluo lorsqu’elle était appliquée à des échantillons d’eau, les concentrations de glyphosate mesurées dans l’urine étaient beaucoup plus fiables et reproductibles avec la technologie ELISA que celles obtenues avec la technologie LC/MS–MS.
Mots clés : ELISA, Glyphosate, LC/MS–MS, Limite de quantification (LOQ), Urine
les concentrations de glyphosate mesurées dans l’urine étaient beaucoup plus fiables et reproductibles avec la technologie ELISA que celles obtenues avec la technologie LC/MS–MS.
Nous avions et nous avons raison, quoi ! Nous pissons bien toutes et tous du glyphosate bien que nous n’en consommions pas !
Et nous maintenons nos plaintes pour – Mise en danger de la vie d’autrui, – Tromperie aggravée, – Atteintes à l’environnement (Destruction de la biodiversité, pollution des cours d’eau, des nappes phréatiques, des sols …). Le cas échéant, en réunion. (…/…)
Pour nous soutenir : adhérez à PIG BZH : 5 € /an
A envoyer avec vos coordonnées à PIG BZH / Mairie / Place Pobeguin / 56480 Cléguérec
TRIBUNE. Les pratiques des agences de sécurité alimentaire ne permettent pas de déceler la toxicité réelle des pesticides, dénonce un collectif de toxicologues et représentants d’associations dans une tribune au « Monde ».
La France et l’Union européenne sont face à un paradoxe de taille. La réglementation sur les pesticides est, sur le papier, très exigeante : un produit ne peut être autorisé que si l’évaluation des risques ne prévoit pas d’effet néfaste à court ou à long terme sur l’humain ou la nature, en utilisation normale. Or, les pesticides continuent d’être autorisés et utilisés, alors que de nombreux scientifiques montrent l’existence de leurs effets néfastes dans le monde réel.
En juin 2021, l’expertise Inserm [Institut national de la santé et de la recherche médicale]montrait que les preuves du rôle des pesticides sont fortes ou moyennes pour seize pathologies, contre huit en 2013. En cas d’exposition de leur mère pendant la grossesse, les enfants ont un surrisque de leucémie, de tumeur cérébrale ou de malformation congénitale. Par ailleurs, les études et les rapports montrant que les pesticides sont un facteur déterminant de la perte de biodiversité et de l’hécatombe des insectes se succèdent. L’expertise Inrae-Ifremer [Institut national de la recherche agronomique et Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer] de mai 2022 montre leurs effets délétères sur l’ensemble du vivant. Ces conclusions s’inscrivent dans la droite ligne de celles publiées en 2019 par l’IPBES, organisme de l’ONU qualifié de « GIEC de la biodiversité ».
Ce paradoxe a une source identifiable : les pratiques des agences de sécurité alimentaire, évaluant la toxicité des pesticides avant leur homologation, ne permettent pas de déceler la toxicité réelle des produits. Les failles sont systémiques et se retrouvent à chaque étape de l’évaluation. Les agences passent à côté des dangers des molécules déclarées comme substances actives et des pesticides tels qu’ils sont vendus.
Un pesticide n’est jamais une molécule seule, mais un mélange d’une molécule déclarée comme « substance active » avec des formulants qui amplifient son effet, dont certains sont des dérivés du pétrole cancérigènes. Lors de la première étape du processus, les dangers intrinsèques des « substances actives » doivent être identifiés, et certains sont des critères d’exclusion du marché. Le caractère cancérigène, mutagène ou reprotoxique en est un, ainsi que le caractère perturbateur endocrinien. Il faut entrer dans les détails de ce processus pour comprendre comment ces propriétés restent invisibles.
Les jérémiades de l’agroindustrie au sujet de l’attaque du train de St Gérand sont largement relatées dans les médias main stream, dominants : nous vous proposons ici une autre vision de l’affaire et de son contexte…
et réaffirmons notre soutien solidaire avec les militant.e.s engagé.e.s dans l’action.
La souveraineté alimentaire, nouvelle excuse du productivisme agricole
La guerre en Ukraine et la menace d’une pénurie est une formidable opportunité pour le lobby agricole. Produire plus en agitant le spectre de la famine et faire sauter tous les verrous environnementaux, voilà son programme.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
« Les gens meurent de faim en Afrique car nous mangeons de plus en plus de produits biologiques »
Erik Fyrwald, patron de Syngenta
Tagada, tagada voilà les Dalton
Le samedi 19 mars 2022, au petit matin, une cinquantaine d’activistes bloquent un train près de Pontivy, dans le Morbihan. Ils construisent un mur en parpaing au milieu de la voie. « L’agroindustrie nous mène dans le mur » écrivent-ils dessus. Ils ouvrent les vannes des wagons citernes et déversent 1.390 tonnes de céréales le long des voies.
Quelques jours plus tard le parquet de Lorient ouvre une information judiciaire pour “entrave à la circulation de train“ et “dégradation de biens en réunion“. La vague d’indignation est générale : du préfet jusqu’au Ministre de l’agriculture, des trolls facebook à l’inénarrable Christiane Lambert de la FNSEA (« c’est du terrorisme vert »). On se scandalise du gaspillage que représente une telle action, trois semaines seulement après le début de la guerre en Ukraine.
Interrogé sur BFM TV Jean François Loiseau le président de l’Intercéréales (interprofession céréalière) déclare « C’est l’équivalent de 40 camions. Six millions de baguettes de pain. C’est un acte terroriste ». Et la présentatrice Apolline de Malherbes, visiblement source d’inspiration pour les scénaristes de Don’t Look Up, de lui emboîter le pas : « des chiffres qui font froid dans le dos ». Gageons que cette dernière fera preuve d’impartialité journalistique la prochaine fois que la FNSEA déversera du lisier sur une préfecture ou des milliers de litres de lait sur les routes.
Sur les 1.390 tonnes, 1.158 ont pu être récupérées. Ce qui fait une perte de 162 tonnes. Des chiffres qui font un peu moins froid dans le dos. Surtout quand l’ADEME estime que la filière blé française gaspille 18% de sa production annuelle (soit 178 700 tonnes par an).
Six millions de baguettes de pain
Ce qui est étonnant dans les déclarations de Jean-François Loiseau c’est de quantifier les dégâts avec une unité de mesure peu connue : la baguette de pain.
Les activistes pensaient viser Sanders une entreprise spécialisée dans la nutrition animale. Manque de pot, le train était à destination de Saint Jacques Aliment une entreprise spécialisée … dans la nutrition animale. En clair, les activistes ont mis le mauvais nom sur leur drapeau, mais ils ont visé juste. Pas l’ombre d’une baguette de pain dans l’histoire. Ces céréales étaient à destination du cheptel breton. Et c’est justement cela que le « collectif contre les fermes usines » à l’origine de l’action voulait dénoncer.
Qui est Sanders ?
Sanders, la cible, est une entreprise spécialisée dans la nutrition animale filiale de la holding Avril. Avec un chiffre d’affaire de 6,8 milliards d’euros, on est loin de la paysannerie.
Fondée dans les années 1980 par des producteurs de la Beauce de colza et de tournesol pour s’assurer des débouchés, Sofiprotéol (l’ancêtre d’Avril), a progressivement étendu son activité à l’huile de palme, aux agrocarburants, à l’élevage, la méthanisation, la nutrition animale, les semences et les biotechnologies.
Comme l’a montré une enquête de Reporterre1, Sofriprotéol, s’est d’abord constituée comme un établissement financier appelé à gérer les fonds de la filière oléo-protéagineuse. Dans ce cadre elle a pu bénéficier de la « contribution volontaire obligatoire » (sic), une taxe professionnelle versée par les producteurs, qui a permis à la pieuvre de s’étendre, jusqu’à racheter Sanders. En clair une entreprise s’arroge le droit de représenter une filière et de prélever un impôt sur tous les acteurs qu’elle est censée représenter. Tout cela est légal depuis une loi du gouvernement de Jacques Chirac en 1975, même si une plainte pour abus de confiance, complicité et recel a été déposée en 2004.
Avril est ensuite devenu un leader du diester, un biodiesel à base de colza. L’État l’a évidemment soutenu, en fixant un taux d’incorporation des biocarburants à l’essence plus élevé qu’ailleurs en Europe (7%) tout en reversant une partie de la Taxe Intérieur sur la consommation d’agrocarburant directement à Sofiprotéol (une subvention publique de 153 euros la tonne de colza pour la production de Diester). On est donc ici très loin de la fable nourrir le monde mais plus proche de l’assistanat. Des chiffres qui font froid dans le dos.
Après que la côte médiatique des biocarburants a chuté dans les années 2010, Sofiprotéol s’est reconvertie dans la nutrition animale en insistant pour que les coopératives mettent les éleveurs sous contrats pour leur vendre de l’aliments. D’où l’investissement dans des fermes usines : mille vaches, mille truies, 250.000 poules …
Il s’agit de trouver des débouchés, le réservoir des bagnoles ou la panse des vaches, à une industrie perpétuellement en crise de surproduction. Une tendance à la massification, avec son cortège d’ «externalités négatives » comme disent les économistes : pollutions, algues vertes et pandémies. Au fait, on a oublié de vous dire : de 2010 à 2017, c’est Xavier Beulin, le PDG d’Avril / Sofiprotéol qui est président de la FNSEA.
Produire du blé pour nourrir le cheptel
Depuis une cinquantaine d’années les courbes de production de céréales et celle de l’évolution du cheptel se séparent inexorablement. En 1960 il y avait sur terre 2,26 animaux pour un humain. En 2007 ce ratio était de 3,6 pour un. Sur la même période la production de céréale a été multipliée par deux quand celle du cheptel a triplé. Sachant qu’il faut 4 calories végétales pour produire une calorie de porc ou de volaille et onze calories végétales pour en produire une de bœuf, on comprend aisément le problème : l’agriculture ne nourrit plus les hommes mais doit sans cesse courir derrière la croissance exponentielle du cheptel animal.
Une étude américaine2 montre qu’en 1997 les céréales à destination du cheptel américain auraient pu nourrir 800 millions de personnes. Si on compte les pâturages c’est 75 à 80% des terres agricoles états-uniennes qui sont consacrées au bétail.
Pour les pays plus petit, la production de céréales s’est externalisée. Une autre étude montre que les Pays-Bas importent une quantité de céréales nécessitant 100 000 à 140 000 kilomètres carrés soit cinq à sept fois leur superficie agricole. En France on estime que 70% de la superficie agricole est consacrée au bétail.
Pourtant le train auquel s’attaquent les activistes est une exception. La nourriture du cheptel breton n’arrive pas en train de l’Est, mais à 95% par bateau d’Amérique du Sud. On vous laisse imaginer l’ampleur du désastre de l’autre côté de l’Atlantique.
La guerre en Ukraine et la souveraineté
La guerre en Ukraine est pour le lobby agricole une véritable aubaine. « La logique de décroissance souhaitée par la stratégie européenne doit être profondément remise en question. Il faut au contraire produire plus » déclare la FNSEA. « Nous demandons à pouvoir produire plus » insiste sa présidente Christiane Lambert début mars. Et quand Christiane demande, Emmanuel s’exécute. Deux semaines après, Macron l’européen lui répond qu’ « en aucun cas l’Europe ne peut se permettre de produire moins ». Il faut s’adapter à la crise quitte à remettre en question la stratégie européenne Farm to Fork (qui vise à réduire l’utilisation d’engrais, de pesticides et d’antibiotiques). Produire plus et faire sauter tous les verrous environnementaux, c’est exactement ce que propose le lobby de la Copa-Cogeca, le comité des organisations agricoles européenne, présidé cette année par … Christiane Lambert3. En clair, le peu d’engagement prévu par l’Europe en matière agricole est en passe d’être remis en question par la France.
Le problème c’est qu’avec la FNSEA il faut toujours produire plus. Lorsque les cours sont bas il faut produire plus pour éviter la ruine. Quand ils sont haut, il faut produire plus pour rafler la mise.
Cette stratégie productiviste, le syndicat la cache maintenant derrière l’argument de la souveraineté. Rappelons pourtant que l’agroindustrie vit sous perfusion d’hydrocarbure. Les pesticides sont des dérivés de la pétrochimie et les engrais azotés sont produits avec du gaz. La Russie étant le premier exportateur mondial d’engrais et la France le premier importateur européen, produire plus signifie accroître notre dépendance aux gaz russe. La souveraineté productiviste, c’est la dépendance au carbone.
Cette dépendance est particulièrement visible dans une Bretagne ravitaillée énergétiquement par sa façade Atlantique. En 2021, la moitié des produits pétroliers débarqués à Lorient et Brest viennent de Russie. Quant à l’autre moitié, malgré une escale dans un port intermédiaire (Belgique, Allemagne, Pays-bas), aucune garantie qu’ils ne proviennent pas non plus de Russie4. Quand on sait que les serres de tomates bretonnes (200 000 tonnes par an) sont visibles depuis l’espace5, et qu’elles consomment l’équivalent énergétique de trois fois la ville de Lyon (et qu’elles sont chauffées à 77% par du gaz6), on se demande où est la souveraineté du modèle breton.
C’est que depuis le début de la guerre le lobby qui joue la carte de la souveraineté affole tout le monde en jouant les cassandres avec le triptyque « guerre, pénurie, famine ». Le patron de Syngenta se déchaîne contre l’agriculture biologique qui serait responsable de la famine en Afrique, pas assez productive à son goût (voir la citation en introduction). Il faut selon lui arrêter l’arrêter et repasser en conventionnel pour augmenter la production et ainsi éviter « la catastrophe mondiale »7.
Pourtant la FAO vient de publier les chiffres et à y regarder de plus près … Après une excellente campagne l’année dernière à 776 millions de tonnes de blé, elle table pour 2022/2023 sur … 770 millions de tonnes. Le recul de la production est donc minime. Le 8 avril la FAO affirme même que l’offre de céréale dans le monde est « relativement confortable ». Il en est de même au niveau céréalier global avec un recul de 2,80 à 2,78 milliards de tonnes.
En réduisant l’utilisation pour la production de viande pour la consacrer à l’alimentation humaine on pourrait produire plus de baguettes de pain.
La volatilité des prix
Pourtant si la production reste stable les prix sur les marchés financiers font le yoyo. Plus 40% depuis le début de l’année sur le marché parisien, plus 61% sur le marché américain, avec un record historique à la mi-mai à 438 euros la tonne après l’annonce du gouvernement Indien d’interdire les exportations.
La vérité c’est que la production de blé est relativement indépendante des questions géopolitiques et des problèmes météorologiques. L’évolution des prix est surtout liée à des phénomènes financiers spéculatifs. Le véritable problème n’est pas la pénurie mais la peur qui pourrait créer un climat de panique qui fasse grimper les prix. « Les famines ne sont jamais liées à la production alimentaire. Elles sont toujours causées par des problèmes d’accès » affirme Arif Husain du Programme alimentaire mondial de l’ONU.
Ce qui se passe aujourd’hui est une prophétie autoréalisatrice. C’est la peur de voir les prix grimper qui les fait grimper8.
Aujourd’hui 90% du commerce de céréales est contrôlé par quatre entreprises. Le régime alimentaire mondial s’est massivement standardisé (60% des calories végétales cultivées viennent du riz, du blé, du maïs et du soja). Une partie importante de l’alimentation mondiale dépend donc de monocultures dont le commerce est assuré par une poignée d’entreprises mondialisées soumises aux fluctuations du marché.
Après avoir agité le spectre de la famine et de la pénurie les spéculateurs s’en sont donnés à cœur joie. À la bourse de Chicago les contrats à termes (pariant sur l’évolution des prix et n’attendant pas la livraison physique du produit) ont atteint leur plafond plusieurs jours d’affilés. Faire monter artificiellement les prix par la panique ne profite donc qu’à une poignée de personnes.
Quant à la Russie, principal exportateur mondial depuis 2018, à 400 euros la tonne et avec le coût de production le plus bas du monde, elle a tout intérêt à laisser les prix monter.
Le problème vient donc de ceux, que les journalistes de Litghthouse Reports, appellent Les profiteurs de la faim. Dans une enquête parue récemment, le média collectif affirme que sur le marché du blé parisien des contrats à terme, la place des spéculateurs est passée de 23% en 2018 à 72% en avril 2022. Pareil sur Euronext, la première bourse aux matières premières d’Europe où leur position à quadruplé entre janvier et mars 2022. Comment reconnaît-on les spéculateurs ? Il s’agit d’entreprises ou de fonds d’investissements qui n’ont aucun intérêt direct avec la matière qu’ils achètent, et qu’ils ne voient comme une classe d’actif. L’histoire de 2008 et l’épisode des émeutes de la faim se répète (+70% pour le maïs, + 180% pour le riz et +120% pour le blé à l’époque) : Ce n’était pas un problème de de production et ça ne l’est toujours pas aujourd’hui.
Après les subprimes les spéculateurs se tournèrent vers des produits physiques (agricole et énergétique). C’est ce que le journaliste Matt Taibbi a décrit dans son célèbre article sur la grande machine à bulle américaine sous le terme de « ruée vers les matières premières » (the great American bubble machine, Rolling Stone, avril 2010). Un des épisodes marquant fût l’augmentation du baril de pétrole de 60 $ à 147 $ en quelques mois. Nous vivons actuellement une autre séquence de cette ruée vers les matières premières, dont les conséquences seront sans doute catastrophique.
Il est donc tout à fait logique que dans une époque de surabondance, la famine refasse son apparition. Alors que la récolte de blé de 2021 a battu tous les records, la malnutrition augmente (650 millions en 2019 et 811 millions en 2020). Encore une fois, ce n’est pas la taille du gâteau qui compte, mais la façon dont il est réparti.
Une des solutions pourrait consister en la mise en place de stocks étatiques9. C’est la politique menée par 27 pays qui ont mis en place des restrictions commerciales (interdiction de l’exportation) préférant nourrir leur population plutôt que les marchés internationaux. Ces stocks permettent de stabiliser les prix, assurer un revenu minimum aux agriculteurs et un prix d’achat raisonnable pour la population. Mais pour l’OMC et l’Union européenne cela constitue une entrave à la libre circulation des marchandises. C’est ce qui s’est joué la semaine dernière à Genève lors d’une conférence de l’OMC où Ursula von der Leyen s’en est pris aux protectionnisme de l’Inde et de l’Égypte les implorants à ouvrir leurs frontières. Une position d’autant plus hypocrite que l’agriculture occidentale est elle massivement subventionnée (PAC). C’est elle qui déforme les marchés, paupérisent les agriculteurs du sud incapables de rivaliser avec ceux du nord, génère de la volatilité en financiarisant la nourriture et de facto, accroît l’instabilité alimentaire. Mais le logiciel libéral préfère s’attaquer au protectionnisme des pays pauvres plutôt qu’à ceux qui manipulent les cours avec leurs logiciels de trading, bien au frais dans leurs tours climatisées.
Communiqué de presse de la Confédération Paysanne Bretagne
Train bloqué : « ce n’est pas une action terroriste »
Titre même le Télégramme dans son édition papier du 5 juillet 2022 …
Collecte de fonds pour défendre les activistes
Suite aux réponses répressives envers les activistes mobilisés le 19 mars
dernier, nous (BCLFU) organisons une défense collective avec le concours d’un cabinet d’avocat.
Action non-violente de blocage d’un train à destination d’une usine
d’aliments pour l’élevage industriel – le 19 mars 2022
Pour faire du procès à venir celui de l’agro-industrie, nous collectons des moyens pour :
défendre les activistes inquiétés par la justice,
bloquer l’agro-industrie et la faire condamner,
faire reconnaître notre légitimité à agir contre l’agro-industrie et ses ravages,
faire condamner l’État pour ces carences à défendre notre santé et nos milieux de vie.
Rejoignez le mouvement et rassemblons des fonds pour financer cette campagne ambitieuse et nos avocats.
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