« Il s’agit de substances susceptibles d’exposer la population à des risques majeurs », écrit dans un communiqué mercredi le Conseil national de l’Ordre des médecins, évoquant « des alertes qui ne peuvent être ignorées », notamment sur l’acétamipride, ce pesticide réautorisé sous conditions en France par la loi Duplomb.
« Sur le plan médical, nous affirmons que le doute n’est pas raisonnable lorsqu’il s’agit de substances susceptibles d’exposer la population à des risques majeurs : troubles neurodéveloppementaux, cancers pédiatriques, maladies chroniques. Ces alertes ne peuvent être ignorées »
« la compétitivité agricole et les distorsions de concurrence au sein de l’Union européenne ne doivent pas servir d’arguments pour relâcher notre vigilance en matière de protection de la biodiversité et de santé humaine »
Engagement du CNOM à lancer une réflexion sur les liens entre santé et environnement (ndlr : il était temps !!!)
Loi Duplomb : « Nous, restaurateurs, faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner »
Plus de 400 chefs cuisiniers et acteurs de la restauration, dont Chloé Charles, Mauro Colagreco et Olivier Roellinger, appellent, dans une tribune au « Monde », au retrait de cette loi controversée, à l’instauration d’un moratoire sur l’usage des pesticides et à une transformation profonde du système alimentaire français.
Parmi les signataires, des chefs étoilés comme Mauro Colagreco, Olivier Roellinger, mais aussi des responsables de cantines, des propriétaires de bistrots ou des collectifs de restaurateurs-paysans. « Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner« , écrivent-ils. « Nous avons bien conscience des difficultés que rencontrent les producteurs français au quotidien« , nuance le texte, qui reconnaît des agriculteurs « tiraillés par la rentabilité de leur métier et les demandes citoyennes croissantes à sortir du productivisme« .
« À un moment, il faut taper du poing sur la table », estime Glenn Viel
Un sursaut encore timide mais rare, dans un milieu qui met en avant la qualité des produits et les circuits courts mais peu prompt à se mobiliser, comme lors de la crise des agriculteurs, en 2024. Les chefs « sont des personnes qui ne prennent pas souvent la parole mais l’alimentation, c’est leur quotidien« , explique Fanny Giansetto, fondatrice d’Ecotable.
Parmi eux, Glen Viel, 45 ans, chef trois étoiles et jury de l’émission « Top Chef« . « Je ne comprends pas (cette loi)« , affirme-t-il à l’AFP, dénonçant « les pesticides qui polluent notre terre » alors que « l’alimentation a une grande part (de responsabilité) dans les cancers« . « On a la capacité de mettre des milliards dans la défense de notre pays. Et c’est normal« , poursuit-il. « Est-ce qu’on ne pourrait pas trouver un milliard ou deux pour nos agriculteurs, pour les aider à faire cette transition (écologique) ? » « Nous les restaurateurs, on est plutôt des besogneux, on ferme notre gueule et on avance. Mais à un moment, il faut taper du poing sur la table », estime Glenn Viel.
Pour Marie-Victorine Manoa, jeune cheffe trentenaire, autrice et chroniqueuse dans l’émission « Très très bon! », cette loi a été un « coup de massue« . « Cuisiner des produits médicamentés et stériles n’excite personne« ,grince celle qui appelle à la « rébellion générale« . La loi Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes – interdit en France mais autorisé en Europe.
Le coup de gueule de Jacques Marcon
La prise de parole de Jacques Marcon a été le point de départ de cette mobilisation. Début juillet, le chef trois étoiles a publié sur Instagram une photo d’un pré d’herbes sauvages du Mont Mézenc (Haute-Loire), accompagnée d’un texte cinglant, adressé au sénateur Laurent Duplomb, rapporteur de la loi éponyme. « Avec cette loi, vous vous êtes érigé en porte-parole de l’industrie agroalimentaire qui privilégie une agriculture intensive et néfaste pour les générations futures« , a écrit le chef. Un texte largement partagé, notamment par des restaurateurs, sur les réseaux sociaux.
Nous, restaurateurs, avons choisi le métier de restaurateur par amour pour la gastronomie, par passion pour les produits, mais surtout parce que nous voulons nourrir, « restaurer » nos clients. Si nous prenons la parole aujourd’hui, c’est que nous sommes estomaqués par l’aveuglement de nos politiques et par les liens, devenus trop évidents, de ces derniers avec l’agro-industrie. En tant qu’artisans, nous avons à cœur de valoriser un travail manuel, ancré dans notre territoire et notre environnement. Et cet environnement, nous le voyons se dégrader.
Aujourd’hui, nous sommes inquiets. Inquiets de l’avenir de notre alimentation qui subit de plein fouet la crise climatique et la perte de la biodiversité. Inquiets de la hausse effrayante des cancers. Inquiets de la qualité des produits que nous servons, qui ne semble que se détériorer, ces derniers contenant toujours plus de résidus de pesticides. Même l’eau que nous apportons à table, qu’elle soit minérale ou du robinet, est touchée par ce problème. Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner.
En tant que partenaires directs, nous avons bien conscience des difficultés que rencontrent les producteurs français au quotidien. Beaucoup sont enfermés dans un système à bout de souffle, qui leur demande de produire toujours plus et à bas prix. Ils sont tiraillés entre la nécessité de rentabilité et les demandes citoyennes croissantes à sortir du productivisme.
Une insulte à tous
Mais la loi Duplomb, adoptée le 8 juillet par le Parlement, ne vient résoudre aucune de ces problématiques. Au contraire, elle ferme les yeux sur les vraies difficultés, à savoir la rémunération des producteurs, le libre-échange et la mise en concurrence des denrées alimentaires. Elle les enferme dans un système intrinsèquement délétère en continuant de promouvoir des modes de production inaptes à répondre aux enjeux vitaux de notre temps.
Près de 70 % des terres sont aujourd’hui dégradées en Europe [selon un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture en date de 2021]. Notre système alimentaire coûte 19 milliards par an à la France en externalités négatives [selon l’étude collective « L’injuste prix de notre alimentation » publiée en 2024]. La loi dite « Duplomb » est une insulte aux scientifiques, une insulte aux agriculteurs qui se passent des pesticides tous les jours, une
Suite à leur action du 5 avril 2025 , lors de laquelle ils ont peinturluré quelques bidons de pesticides dont la toxicité était largement sous-évaluée, les FV d’OGM sont convoqué.e.s au commissariat de Police de Lorient pour une audience libre.
Marketing vert sur un produit herbicide toxique
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Leur communiqué, pour rappel :
Les faucheuses et faucheurs d’OGM du sud Bretagne sont convoqué.e.s au commissariat de police de Lorient le 20 mai à 14h30 en audience libre.
Leur crime ?
Iels ont peinturluré des bidons de pesticides le 5 avril dernier dans des jardineries et ont été une dizaine à décliner leur identité le jour même.
Mais pouruqoi donc peinturlurer des produits présentés à tous comme inoffensifs et respectueux de l’environnement ???
Oyez oyez cher.es citoyen.nes :
Vous mangez et buvez des résidus d’hydrocarbures !!
… pas très top pour votre santé …
Ha , on ne vous l’a pas dit ! Il se trouve qu’il y en a plein dans les pesticides utilisés tout autour de vous, dans l’agriculture «chimique» et dans vos jardins si vous les y mettez, et donc dans les aliments que vous mangez et l’eau que vous buvez !
Et ils ont paradoxalement passé toutes les «barrières» de l’évaluation pour obtenir des Autorisations de Mise sur le Marché et arriver dans les champs des agriculteurs.trices, chez les paysagistes, les jardiniers amateurs, … et finalement dans nos corps !!!
La société se mobilise pour réclamer la sortie des pesticides de synthèse :
Simultanément ou presque à l’action des FV BZH :
A l’occasion de la journée mondiale de la Santé du 7 avril, un collectif d’organisations a marché dans Paris, le 5 avril, pour dénoncer les impacts catastrophiques et généralisés des pesticides de synthèse. « Marche vivante pour un printemps bruyant » organisée par Scientifiques en Rébellion, Alerte Médecins contre les Pesticides, Médecins du Monde, COAADEP (Collectif des Ouvrier Agricoles et de leurs Ayants Droits Empoisonnés par les Pesticides), Confédération Paysanne, Extinction Rébellion, Secrets Toxiques, et de nombreuses autres organisations… Nous, Faucheurs et Faucheuses Volontaires d’OGM, soutenons leurs revendications et exigeons avec eux : – l’arrêt de l’usage des pesticides en France et dans le Monde – un accompagnement des agriculteurs-trices vers des pratiques agro-écologiques – une politique agricole qui concilie santé, environnement et santé alimentaire. https://alerte-medecins-pesticides.fr/wp-content/uploads/2025/02/Appel-Marche-5-avril-2025-Printemps-Bruyant.pdf
Dans une lettre ouverte rendue publique lundi 5 mai, plus de 1 200 médecins et scientifiques alertent les ministres de l’agriculture, de la santé et de l’environnement sur les failles du système d’homologation de ces produits, qui font de la population des « cobayes », écrivent les signataires.
Les signataires rappellent que l’évaluation des risques de ces substances demeure « dépendante des données fournies par les industriels » ; que les tests réglementaires « n’explorent pas tous les risques potentiels » comme, par exemple, les propriétés de perturbation endocrinienne ; que la littérature scientifique « est trop souvent marginalisée » dans les procédures d’homologation.
Enfin, ils soulignent que les risques liés à l’exposition chronique des produits réellement utilisés sur les parcelles et les effets potentiels des mélanges (« effet cocktail ») ne sont pas évalués avant autorisation de mise sur le marché.« Agriculteurs, riverains, citoyens ne veulent plus servir de cobayes à l’évaluation de “l’effet cocktail” de toutes ces substances disséminées dans l’environnement, et que l’on retrouve dans l’eau du robinet, les eaux minérales, et nos aliments », plaident-ils.
les Faucheurs et Faucheuses Volontaires d’OGM retirent symboliquement ces produits toxiques et non évalués des rayons où ils sont mis en vente et posent légitimement la question de la responsabilité de cet empoisonnement généralisé :
Qui sont donc les responsables de cet empoisonnement généralisé ?
Les fabricants ? Les distributeurs ? Les agences d’évaluation distribuant les Autorisations de Mise sur le Marché ? les responsables politiques qui ferment les yeux, voire favorisent leur emploi (cf loi Duplomb) ? Le «système» qui désinforme et fourgue contre leur volonté, aux citoyen.ne.s, des produits toxiques, dangereux pour leur santé ???
Nous, FV d’OGM BZH, réclamons l’abandon des pesticides de synthèse et l’accompagnement de celles et ceux qui en font un usage professionnel vers des pratiques de l’agro-écologie, respectueuse de notre santé, de nos corps et de tout le vivant
Vous pouvez venir les soutenir le 20 mai prochain devant le comissariat de police de Lorient, à partir de 14h30
Christian JOUAULT nous a quittés ce jeudi 10 avril 2025
Christian avait rejoint le Collectif de Soutien aux Victimes des Pesticides de l’Ouest, en 2016. Pisseur Involontaire de la première heure, il était avec nous lors de la première « pisserie » de PIG BZH à Pontivy, en février 2019.
Pisserie test, organisée pour former les référents locaux, qui marqua le coup d’envoi d’une série d’analyses d’urine pour recherche de glyphosate et d’une série de plaintes contre X pour empoisonnement / mise en danger de la vie d’autrui, (800 plaintes en Bretagne, 5400 en France) et conduisit, entre autres, à la création de la coalition Secrets Toxiques, pour demander le retrait du marché des pesticides de synthèse…
Depuis sa rencontre au Collectif de Soutien aux Victimes des Pesticides de l’Ouest, en mai 2016 alors qu’il souffrait d’un cancer de la prostate, jusqu’à ce jour, il n’a cessé de témoigner avec émotion, des conséquences dramatiques que les pesticides ont eu dans sa vie et celle de son épouse.
Il a rendu visite à beaucoup de malades, sillonné la Bretagne, voire la France, pour témoigner de multiples fois dans des cinés-débats, dans les journaux, les émissions télévisées…
Nous, PIG BZH, nous associons à la peine de ses proches, et de tous les membres du CSVPO.
Qu’est-ce que les VRTH ?
Les VRTH sont des variétés végétales modifiées génétiquement pour être rendues tolérantes à des herbicides. Ces plantes soulèvent les mêmes préoccupations que les plantes OGM transgéniques.
Dès 2009, les organisations environnementales et paysannes ont alerté les autorités.
Une expertise collective INRAE-CNRS initiée à la demande des ministères de l’agriculture et de l’écologie a, en 2011, confirmé les risques de la culture de ces variétés.
Malgré cette expertise collective, les VRTH ont été mises sur le marché comme des variétés standards et les herbicides associés ont obtenus leurs autorisations de mise sur le marché permettant le développement de ces nouvelles cultures pour atteindre des surfaces conséquentes notamment en tournesol.La procédure juridique
Depuis 2014, plusieurs ONG ont lancé une procédure judiciaire pour démasquer ces OGM cachés obtenus par les techniques de mutagenèse et dénoncer les risques environnementaux que leur culture présente (La Confédération paysanne, le Réseau semences paysannes, les amis de la terre, Vigilance OGM et pesticides 16, vigilance OG2M, CSFV49, OGM Dangers, Vigilance OGM 33, la fédération nature et progrès).
Cette condamnation intervient au terme d’une procédure d’exécution que les organisations requérantes ont été contraintes d’engager contre l’Etat pour faire exécuter l’arrêt du 7 février 2020. Le Conseil d’Etat condamne l’Etat à verser 50 000 euros : 5000 € aux requérants et, sur proposition des requérants, affecte 22 500 € à l’Office Français de la Biodiversité et 22 500 € à l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
Cette condamnation est prononcée en liquidation de l’astreinte fixée par l’article1er de l’arrêt du 8 novembre 2021 qui prévoit que l’Etat justifie avoir adopté un plan d’action définissant les mesures retenues en vue d’évaluer les risques liés aux variétés de plantes rendues tolérantes aux herbicides pour la santé humaine et le milieu aquatique en exécution de l’injonction mentionnée à l’article 4 de la décision du 7 février 2020.
Le plan d’action pour la suite
Un plan d’action a bien été établi par le ministère mais ce plan peine toujours à être mis en œuvre plus de 4 ans après la décision intervenue !
L’arrêt rendu le 23 octobre 2024 par le Conseil d’Etat considère, sur ce point, que la décision du 7 février 2020 est exécutée à l’exception de l’injonction d’adopter des mesures permettant d’assurer la traçabilité de l’usage des semences de variétés rendues tolérantes aux herbicides (VRTH) jusqu’à l’utilisation finale des cultures.
Nous ne manquerons pas de suivre attentivement la manière dont l’Etat va assurer cette traçabilité demandée à la fois par les paysans, les distributeurs et les consommateurs. Elle est effectivement indispensable pour pouvoir exercer sa liberté de choix mais également pour pouvoir suivre les effets des cultures sur l’environnement et la santé.Aude DESAINT, Expert environnement pour le Cabinet TUMERELLE
Avocats à Montélimar et à Saint-RaphaëlPour en savoir plus sur le sujet :
Décision du 23 octobre 2024, le Conseil d’État a confirmé l’annulation de mise sur le marché du Roundup Pro 360, prononcée par le tribunal administratif de Lyon le 15 janvier 2019.
Le Conseil d’État a rejeté un pourvoi en cassation de Bayer.
Le tribunal administratif de Lyon avait annulé l’autorisation de mise sur le marché du Roundup Pro 360 en 2019, dans un dossier porté par le Criigen.
Agissons à notre échelle pour aider à faire passer une proposition de loi contre les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées, appelées aussi « polluants éternels » ou PFAS) !
Pour mémoire, les PFAS forment une famille de plusieurs milliers de molécules d’origine humaine, utilisées massivement depuis les années 1940 dans presque tous les pans de l’industrie ainsi qu’en tant que pesticides. Certains sont des perturbateurs endocriniens, d’autres sont directement liés à des cancers graves.
Le député écologiste Nicolas Thierry a présenté fin mars une proposition de loi visant à protéger la population des risques liés aux PFAS. C’est une opportunité immanquable pour la France d’éliminer progressivement les PFAS de notre quotidien et de notre environnement.
MOBILISATION
Il est possible de se mobiliser individuellement pour soutenir cette loi en faveur de l’interdiction des PFAS (polluants éternels) qui sera débattue le 4 avril en séance publique !
KIT d’action de Générations Futures
L’ONG Générations Futures a conçu un kit d’action clé en main grâce à la plateforme #shaketonpolitique, qui rendra votre participation très simple !
L’argumentaire, les données factuelles et la marche à suivre… Tout est détaillé sur cette page :
Il suffit de rechercher son département dans la barre de recherche, et de cliquer sur nos différents amis députés pour obtenir un mail type prêt à l’envoi !
La loi a évité un écrémage de son premier article pourtant fondamental pour préserver sa substance.
Le lobbying fait rage et rien n’est gagné : saturons leurs boîtes mail !
N’hésitez pas à jouer le jeu et à encourager la mobilisation dans vos réseaux.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Plus d’infos
TOXIC BODIES
Pour aller plus loin dans la compréhension de cet énième scandale sanitaire, visionnez gratuitement le film Toxic Bodies de Camille Etienne, réalisé pour l’occasion :
Une nouvelle étude, chinoise, cette fois, confirme la toxicité des coformulants des herbicides à base de glyphosate.
Elle cite, dans ses références, 2 publications du Pr Gilles Eric Séralini, chercheur français qui avait déjà publié des résultats en ce sens dès 2013 et 2015.
Cette publication chinoise cite également les travaux du conseil scientifique de la Campagne Glyphosate France, dirigée par Daniel Grau.
Contexte de l’étude :
State Key Laboratory of Reproductive Medicine and Offspring Health, Nanjing Medical University, Nanjing 211166, China
Department of Epidemiology and Biostatistics, School of Public Health, Nanjing Medical University, Nanjing 211166, China
State Key Laboratory of Reproductive Medicine and Offspring Health, School of Public Health, Nanjing Medical University, Nanjing 211166, China
Received 6 December 2023, Revised 27 January 2024, Accepted 2 February 2024, Available online 3 February 2024, Version of Record 7 February 2024.
Abstract : Polyoxyethylene tallow amine and glyphosate exert different developmental toxicities on human pluripotent stem cells-derived heart organoid model
Résumé :
La polyoxyéthylène tallow amine et le glyphosate exercent des toxicités développementales différentes sur le modèle d’organoïde cardiaque dérivé de cellules souches pluripotentes humaines
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Résumé Le stade précoce du développement du cœur est très sensible à divers facteurs environnementaux.
Si l’utilisation de modèles animaux a permis d’identifier de nombreux facteurs de risque environnementaux, la variabilité entre les espèces et le faible rendement limitent leur potentiel translationnel.
Récemment, un type de structures cardiaques auto-assemblées, connues sous le nom d’organoïdes cardiaques humains (hHO), présente une cohérence biologique remarquable avec le cœur humain.
Cependant, la faisabilité des hHOs pour l’évaluation des facteurs de risque du développement cardiaque reste inexplorée.
Ici, nous nous sommes concentrés sur les effets sur le développement cardiaque des principaux composants des herbicides à base de glyphosate (GBH), les herbicides les plus largement utilisés, afin d’évaluer la fiabilité des hHO pour la prédiction d’une éventuelle toxicité cardiogénique.
Les GBH se sont avérés toxiques pour le développement cardiaque sur la base de multiples modèles animaux, mais le mécanisme reste inconnu. Nous avons constaté que la polyoxyéthylène tallow amine (POEA), l’agent tensioactif le plus courant dans les formulations de GBH, jouait un rôle dominant dans la toxicité des GBH pour le développement du cœur.
Bien qu’il y ait eu quelques différences dans les caractéristiques transcriptives, les cellules hHO exposées à la POEA seule et à la POEA et au glyphosate combinés ont souffert à la fois d’une perturbation de la contraction cardiaque et d’une perturbation de l’engagement dans les isoformes cardiomyocytaires.
En revanche, le glyphosate n’a provoqué qu’une légère hyperplasie épicardique.
Cette étude ne fait pas seulement la lumière sur le mécanisme toxique des GBH, mais sert également de démonstration méthodologique, montrant son efficacité dans la reconnaissance et l’évaluation des facteurs de risque environnementaux, et dans le décryptage des mécanismes toxiques.
Discussion Cette étude a utilisé des hHOs dérivées de HPSCs comme système modèle pour déchiffrer les effets des composants principaux des GBHs sur la cardiogenèse humaine. Comme la formulation commerciale des GBHs comprend divers ingrédients, l’exposition aux GBHs signifie un schéma d’exposition complexe et multifactoriel. Cependant, de nombreuses études se sont concentrées sur la toxicité du Gly ou des GBH. On sait peu de choses sur les autres composants, comme la POEA, l’adjuvant couramment ajouté aux GBH. Nos résultats n’ont pas seulement vérifié que la POEA contribuait le plus à la toxicité cardiaque des GBH.
Conclusion
En conclusion, en appliquant un nouveau modèle humanisé de hHOs, notre étude a décrypté les effets des principaux composants des GBHs sur le développement cardiaque humain et a distingué davantage la toxicité cardiaque unique de la POEA, l’adjuvant commun à la plupart des GBHs. Notre étude a non seulement vérifié que la POEA contribuait le plus aux lésions cardiaques induites par les GBH, mais elle a également mis en lumière le mécanisme toxique de la POEA et du Gly. Bien que le modèle que nous avons utilisé ici ne puisse pas reproduire entièrement le processus de cardiogenèse humaine,
Les malformations cardiaques congénitales, qui sont dues à un développement anormal du cœur ou des vaisseaux cardiaques, constituent les anomalies congénitales les plus répandues chez l’homme (Fahed et al., 2013 ; van der Linde et al., 2011). Outre les facteurs génétiques, il a été prouvé que les contaminants environnementaux étaient l’une des principales causes. Bien que l’application de modèles animaux complexes, tels que le poisson zèbre, la souris et le rat, ait permis d’identifier de nombreux facteurs de risque environnementaux cardiaques, la variabilité d’une espèce à l’autre et le faible débit limitent leur potentiel translationnel. De nouveaux modèles sont donc nécessaires pour modéliser la cardiogenèse humaine.
L’avènement des cellules souches pluripotentes humaines (hPSC), y compris les cellules souches embryonnaires humaines (hESC) et les cellules souches pluripotentes induites (hiPSC) (Takahashi et al., 2007 ; Thomson et al., 1998), a révolutionné les méthodes in vitro utilisées pour étudier les maladies et découvrir la médecine régénérative. Par rapport aux modèles animaux traditionnels, la différenciation des hPSC en cardiomyocytes (CM) présente une cohérence biologique remarquable avec le développement du cœur humain. Cependant, cet essai de différenciation en 2D ne peut pas récapituler les processus morphogénétiques et (patho-)physiologiques de plusieurs interactions clés entre les cellules et la matrice extracellulaire au cours de la cardiogenèse (Horvath et al., 2016 ; Weinberger et al., 2017).
À ce jour, des progrès considérables ont été réalisés dans la construction de structures cardiaques auto-assemblées, appelées organoïdes cardiaques humains (hHO), qui peuvent récapituler la complexité cellulaire du cœur humain in vitro et sont prometteuses pour servir de modèle alternatif aux animaux de laboratoire traditionnels afin d’évaluer les facteurs de risque du développement cardiaque, en suivant les principes 3R (Replacement, Reduction and Refinement) (Drakhlis et al., 2021 ; Hofbauer et al., 2021 ; Lee et al., 2022 ; Lewis-Israeli et al., 2021b). Toutefois, cette faisabilité doit être examinée plus en détail.
Les herbicides à base de glyphosate (GBH), dont l’ingrédient actif est le glyphosate (Gly), sont au centre de cette étude en raison de leur toxicité cardiaque bien connue (Lu et al., 2022 ; Roy et al., 2016). Comme les cultures résistantes au Gly sont largement plantées, l’utilisation des GBH a fortement augmenté chaque année (Duke et Powles, 2008), accompagnée de niveaux résiduels dans l’air, le sol, l’eau douce et les aliments qui augmentent d’année en année (Chang et al., 2011 ; Coupe et al., 2012 ; Desmet et al., 2016 ; Tush et al., 2018). Par exemple, dans les eaux de surface, la concentration de Gly varie de ∼0,1 à ∼700 ng/mL (Demonte et al., 2018 ; Lupi et al., 2019 ; Mörtl et al., 2013 ; Peruzzo et al., 2008 ; Sanchís et al., 2011).
Dans la sauce soja, il varie de 88 à 564 ng/mL avec une moyenne de 242 ng/mL (Fernando et al., 2014). L’existence de Gly dans le corps humain est encore plus déconcertante. Bien que le niveau moyen de Gly dans l’urine soit inférieur à 5 ng/mL (Buekers et al., 2022a ; Buekers et al., 2022b ; Connolly et al., 2022 ; Grau et al., 2022 ; Soukup et al., 2020), il atteint 189 ng/mL dans le sérum des femmes enceintes selon Kongtip et al. (2017). Elle peut être numériquement plus élevée dans le contexte de l’exposition professionnelle. Zhang et al. (2020) ont mené une étude de cohorte sur le niveau de Gly interne chez les travailleurs de quatre fabricants de GBH dans les provinces de Jiangsu et Shandong en Chine.
Ils ont constaté que bien que ces travailleurs n’aient pas eu de contact direct avec les GBH, les concentrations de Gly dans 134 échantillons d’urine allaient de 0,02 à 17,202 μg/mL, avec une médiane de 0,292 μg/mL (Zhang et al., 2020). Outre l’urine, le Gly a également été trouvé dans des échantillons de placenta humain et de sang fœtal (Gillezeau et al., 2019 ; Kongtip et al., 2017), ce qui suscite de nombreuses inquiétudes.
Chez le poisson zèbre, l’exposition aiguë à de fortes doses de Gly a modifié l’oreillette et le ventricule, réduit la fréquence cardiaque et supprimé successivement la cardiogenèse et l’angiogenèse (Lu et al., 2022 ; Roy et al., 2016). Lorsque l’exposition a eu lieu chez des mammifères, tels que le rat et le lapin, les chercheurs ont observé des malformations cardiovasculaires telles que l’aortarctie, l’anomalie septale du ventricule et l’hypertrophie ventriculaire dans les expériences d’exposition maternelle (Kimmel et al., 2013 ; Robinson, 2012). Notamment, bien que peu nombreuses, quelques études ont montré que la toxicité n’est pas liée au Gly en tant que tel, mais plutôt aux GBH. L’exposition aux GBH a provoqué des anomalies cardiaques similaires, notamment un raccourcissement du tube cardiaque, un épaississement de la paroi du ventricule, une diminution de la fréquence auriculaire et une baisse de la fréquence cardiaque chez les têtards, Xenopus laevis et le poisson zèbre, qui ont été attribuées à la production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) (Costa et al., 2008 ; Flach et al., 2022 ; Lanzarin et al., 2019).
Une évaluation plus poussée de la toxicité cardiaque sur des cellules cardiaques de rat et de lapin a prouvé que les GBH provoquent des anomalies électriques telles qu’un bloc de conduction et une arythmie, et induisent des lésions mitochondriales qui déclenchent l’apoptose des cellules. Inexplicablement, aucun changement électrophysiologique significatif n’a été observé lors de la seule exposition au Gly (Chan et al., 2007 ; Gress et al., 2015). Simasotchi et al. (2021) ont rapporté que le placenta in vitro perfusé avec des GBH présentait des anomalies plus graves que celui perfusé avec du Gly seul, ce qui soulève des inquiétudes quant à la toxicité potentielle de l’adjuvant.
La polyéthoxyamine (POEA), qui est le tensioactif le plus communément présent dans les formulations de GBHs au cours des 40 dernières années, se situerait entre 1,3 et 160 μg/kg dans les sédiments des lits de cours d’eau (Tush et al., 2018). Dans les sols agricoles, sa concentration moyenne est de 97 μg/kg, et ce nombre augmentera jusqu’à au moins 200 μg/kg après l’utilisation du pesticide pendant 14 jours (Krogh et al., 2003). Il a également été démontré que la POEA s’adsorbe beaucoup plus fortement que le Gly, notamment dans des conditions de faible pH (Tush et Meyer, 2016). Bien qu’il reste dans le sol pendant plus de deux ans (Tush et al., 2018), il est largement ignoré dans les évaluations de sécurité des GBH. Certaines études publiées ont révélé que son application dans les GBH entraîne une plus grande toxicité que le Gly seul (Moore et al., 2012). En utilisant des lignées cellulaires HEK293, JEG3 et HepG2, bien que moins sensibles que les cellules primaires, Mesnage et al. (2013) ont démontré que la POEA induisait une nécrose, ce qui renforce les inquiétudes quant aux risques pour la santé humaine, en particulier chez les applicateurs fortement exposés. Malgré ces rapports, la toxicité de la POEA pour le développement cardiaque n’en est qu’à ses débuts.
Dans cette étude, nous avons comparé la toxicité pour le développement cardiaque de la POEA seule, de l’exposition à la Gly seule et de l’exposition combinée de ces deux substances. Alors que la POEA a joué un rôle important dans le mode d’exposition combiné, en détruisant l’engagement des isoformes CM et en perturbant les processus métaboliques, l’exposition au Gly a entraîné une légère hyperplasie épicardique chez les hHO. Ces résultats permettront non seulement de faire la lumière sur la toxicité des principaux composants des GBH pour le développement du cœur et sur les mécanismes toxiques sous-jacents, mais aussi d’étudier la faisabilité de ce nouveau modèle de hHOs auto-assemblés pour identifier les facteurs de risque pour le développement du cœur.
Citations des études du Pr Gilles-Eric et de l’équipe de Daniel Grau (Campagne Glyphosate France)
Étude de 2013 : Séralini / Mesnage / Bernay
« Ethoxylated adjuvants of glyphosate-based herbicides are active principles of human cell toxicity » // Les adjuvants éthoxylés des herbicides à base de glyphosate sont des principes actifs de la toxicité cellulaire humaine https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0300483X12003459
Etude de 2015 : Mesnage / Defarge / Spiroux de Vendômois / Séralini
« Potential toxic effects of glyphosate and its commercial formulations below regulatory limits » // Effets toxiques potentiels du glyphosate et de ses formulations commerciales en deçà des limites réglementaires https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S027869151530034X
« Quantifiable urine glyphosate levels detected in 99% of the French population, with higher values in men, in younger people, and in farmers »//Des niveaux quantifiables de glyphosate dans l’urine ont été détectés dans 99 % de la population française, avec des valeurs plus élevées chez les hommes, les jeunes et les agriculteurs.
Dans le contexte du mouvement social actuel qui mélange beaucoup de points de vue, la Confédération Paysanne du Finistère appelle à se mobiliser massivement vendredi prochain 2 février à partir de midi au rond point du Poher à Carhaix pour faire entendre sa voix.
Rendez-vous à 12h pour une « champ de l’heure paysanne » autour de crêpes et de grillades paysannes : des billigs et barbecues seront allumés, on s’occupe de la pâte à crêpes, amenez des ingrédients, grillades et de quoi faire un pique-nique paysan convivial et partagé ! Venez en tracteur si vous voulez/pouvez !
À partir de 14h, nous détaillerons lors d’une conférence de presse notre analyse et nos revendications. En effet, face à la situation difficile que connait le monde agricole depuis des années, nous comprenons la colère qui s’exprime actuellement et partageons les constats du manque de revenus et de la disparition progressive des paysans et paysannes. Mais pour nous, ce sont les politiques néolibérales mises en place par les gouvernements successifs et le syndicalisme majoritaire qui sont responsables de la situation actuelle, aussi les revendications et solutions que nous portons sont simples :
– abrogation des accords de libre-échange qui favorisent la concurrence déloyale entre les paysans et paysannes ;
– protection du revenu paysan avec des prix agricoles qui doivent être garantis à un niveau supérieur aux coûts de production ;
– modification des normes de biosécurité qui interdisent de fait l’élevage plein-air et celles sur les prairies permanentes qui pénalisent les personnes ayant gardé des prairies sur leurs fermes, et mise en place de mesures d’accompagnement incitatives plutôt que coercitives pour favoriser les changements de pratiques nécessaires aux contextes climatique et environnemental;
– plan d’urgence de soutien à l’installation et à la transmission face à la disparition des actifs agricoles.
Vendredi nous nous mobiliserons pour faire entendre notre mécontentement et pour montrer que d’autres politiques agricoles en faveur de campagnes vivantes et pour des paysans et paysannes bien dans leurs bottes sont possibles !
vendredi 2 février à partir de 12 h rond point du Poher Carhaix
Comme il était pressenti, « les États membres n’ont pas atteint la majorité qualifiée requise pour renouveler ou rejeter l’approbation du glyphosate »
Maintenant, c’est à la Commission Européenne qui prendra seule la décision de réapprobation, c’est donc désormais sur elle qu’il faudra accès les pressions …
Communiqué sur le site de la Commission Européenne
Traduction :
« Aujourd’hui, les États membres n’ont pas atteint la majorité qualifiée requise pour renouveler ou rejeter l’approbation du glyphosate lors d’un vote au sein du comité d’appel.
Cette décision fait suite à un vote précédent au sein du comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (SCOPAFF), le 13 octobre, au cours duquel les États membres n’ont pas non plus atteint la majorité requise pour renouveler ou rejeter la proposition.
Conformément à la législation de l’UE et en l’absence de la majorité requise dans un sens ou dans l’autre, la Commission est maintenant obligée d’adopter une décision avant le 15 décembre 2023, date d’expiration de la période d’approbation actuelle.
La Commission – sur la base d’évaluations complètes de la sécurité
réalisées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), ainsi que les États membres de l’UE, va maintenant renouveler l’approbation du glyphosate pour une période de 10 ans, sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions.
Ces restrictions comprennent l’interdiction d’utiliser le glyphosate comme dessiccant avant la récolte et la nécessité de prendre certaines mesures pour protéger les organismes non cibles.
Les États membres sont responsables de l’autorisation nationale des produits phytopharmaceutiques (PPP) contenant du glyphosate et continuent à pouvoir restreindre leur utilisation aux niveaux national et régional s’ils le jugent nécessaire sur la base des résultats de l’évaluation des risques notamment en tenant compte de la nécessité de protéger la biodiversité.
»
Mercredi, le ministre de l’agriculture français, Marc Fesneau, avait redit qu’une interdiction totale de l’herbicide n’était « pas possible » à l’heure actuelle faute de solution de rechange pour les agriculteurs. « Il faut reconnaître qu’il y a des usages pour lesquels nous sommes aujourd’hui[dans l’]impasse. On continuera à défendre au niveau européen la volonté de réduire l’usage du glyphosate et en même temps de prendre acte des situations d’impasse dans lesquelles nous nous trouvons », avait-il déclaré devant le Sénat.
Pour les ONG Foodwatch et Générations futures, « cette position est une trahison, sans surprise, de la promesse faite par le président de la République[Emmanuel Macron]en 2017 ».
Elles estiment que le renouvellement de l’autorisation « va à nouveau à l’encontre du principe de précaution alors que les preuves de la dangerosité du glyphosate pour l’homme et pour l’environnement continuent de s’accumuler ».
Le groupe allemand Bayer, qui a acquis Monsanto en 2018, s’est, de son côté, réjoui de l’annonce de la Commission. « Cette nouvelle autorisation nous permet de continuer à fournir aux agriculteurs de toute l’Union européenne une technologie importante pour la lutte intégrée contre les mauvaises herbes », a déclaré un porte-parole.
Les « organismes non cibles » à protéger
Nous pissons tous du glyphosate
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.